Il y a quelques temps, j’ai fait deux belles découvertes. D’abord une maison d’édition : Les moutons électriques dont les choix esthétiques et la ligne éditoriale m’ont tout de suite enchantée : fantasy, ouvrage soigné, univers originaux … Ce qui m’a amenée vers eux, c’est : Éclat de givre, un roman d’Estelle Faye. L’écriture poétique m’avait bluffée et j’avais adoré l’univers de ce Paris déchu et post apocalyptique qui naissait en quelque lignes.
C’est pourquoi je me suis jetée avec envie et curiosité sur Porcelaine. L’univers traité s’opposait complètement au précédent et il me tardait de découvrir la légende du tigre et de la tisseuse. Le début de ma lecture présageait du meilleur. Dans le chine de l’an 200, on rencontre le personnage de Xiao Chen qui aide son père, vieux potier veuf qui aspire à façonner l’œuvre parfaite. La magie se mêlent avec délicatesse au quotidien de ce petit village perdu. Nous sommes rapidement pris par les rêves de ce vieil artisan qui sculpte sans relâche ses espoirs dans son atelier. L’écriture poétique et inspiratrice était là elle aussi. Malheureusement, ce récit initial n’était qu’une entrée en matière rapide aux aventures de Xiao Chen qui va se retrouver maudit par les esprits d’une forêt. Doté d’une tête de tigre, il est alors chassé de son village natal et écarté de son père, que l’on ne reverra d’ailleurs plus directement.
J’avais envie d’être prise dans cette intrigue qui avait tout pour me plaire : un univers inconnu, un pays intriguant, de la magie, du théâtre, de l’amour, de la tendresse et du mystère. Mais voilà, l’alchimie n’a pas fonctionné avec moi. L’auteur enchaîne peut-être trop rapidement les événements qui se superposent sans qu’on ait vraiment eu le temps de comprendre les choix des personnages. Ils manquent de profondeur. De ce fait, on ne s’attache pas à eux et ce qui leur arrive nous devient peu à peu indifférent.
A contrario, le personnage de Brume, la femme-fée, qui va jouer le rôle de l’antagoniste, est présentée de manière prolongée avec une tendresse particulière qui va induire le lecteur en erreur. En effet, son innocence, son amour construit avec enchantement pour Xiao Chen nous trompent. On est trop fourvoyé dans nos attentes de lecture. Ainsi, on ne perçoit pas pourquoi, dans la suite du récit, on devrait s’attacher à la jeune tisseuse (Li Mei) qui semble arrivée là comme un cheveu dans la soupe. Je n’ai pas adhéré à la flamme incongrue entre les deux protagonistes. Je me suis même prise à être du côté de Brume, l’affreuse égoïste frustrée qui vient tout faire capoter.
J’ai donc bien eu de la peine à venir à bout de cette histoire que j’étais pourtant prête à aimer. Je verrai si je donne une seconde chance à l’auteur avec la saga La voie des oracles, qui prend racine dans le monde grec.