Critique rédigée en mai 2018
Et brusquement, ce fut le dénouement
Ce premier écrit de Primo Levi ne laisse pas indifférent. Avec un titre remettant en question la déshumanisation subie par le peuple martyr juif durant la Seconde Guerre Mondiale, ce récit autobiographique signé de la main du chimiste italien d'origine nous plonge en 1944, sous l'occupation fasciste italienne menée par Mussolini, pendant laquelle, en tant que paria, il fut déporté vers un camp d'extermination, et pas n'importe lequel: Auschwitz.
Exterminations, souffrances, travaux forcés, rien n'échappe à la plume de Levi: dans le contexte de l'écriture d'une telle oeuvre, les traumatismes pesant l'être de l'auteur depuis 1944 font que ce dernier avait besoin de s'exprimer à ce propos.
Digne du journal d'Anne Frank et du Pianiste de Szpilman, Si c'est un homme réussit à ne pas sombrer dans le drame ne se résumant qu'à "la guerre c'est triste, lisez!" ; Levi place ses mots comme il faut et ne porte pas de véritable jugement sur son passé, il nous livre plus subtilement un point de vue moral de ses sacrifices et tout ce qui nous fait interroger sur la notion du "qui est homme? en fin de compte, n'est-il qu'un animal".
Si, à titre personnel, l'émotion a été plutôt inégale (les longues lignes traitant du travail forcé vers la moitié, c'est trop...), en tant que témoignage, Si c'est un homme mérite amplement son statut de meilleur roman sur la Shoah. C'est un style s'éloignant de tout ce qu'on songeait sur ce sujet avant la lecture, c'est une Odyssée se déroulant tout au long aux enfers, narrant l'événement qui fera que Levi ne pourra retrouver sa vie d'antan.
N'oublions pas non plus que les traumatismes pesant sur la personne de l'auteur et narrés ici ne se volatiliseront pas, hélas: l'auteur se donne la mort en 1987, année de la publication française du roman.
Camarades, je suis le dernier.
Un puissant héritage faisant de ce témoignage un indispensable de la littérature.