Ces souvenirs, c'est quelque-chose pourtant.
Ce livre est un tord-boyau.
C'est âpre, dur, souvent dégueulasse mais il en reste une sensation de chaleur et on finit enivré par les paroles de ce pas grand-chose de Bukowski.
Il conte ici, ou plutôt balance avec la simplicité brute de décoffrage et talentueuse qui est sienne, son enfance, son adolescence et le tout début de sa vie d'adulte peut-être, j'hésite car je n'ai jamais trop su à quel âge est sensée se clore l'adolescence, si tant est qu'elle se close vraiment un jour.
Pauvre, entre une mère effacée et un père qui le tanne à coup de cuir pour se soulager sur son fils de sa sensation d'avoir foiré sa vie, dès le plus jeune âge, il sait qu'il est différent, pas très normal dit-il lui-même. Il attire tous les laissés pour compte ce qui n'aide pas à entrer dans les bandes les plus populaires de la cours de récré... Notez qu'au final, il en a franchement rien à foutre.
Cette mise à l'écart ne s'arrangera pas avec l'arrivée d'une acné dévorante, infligeant à son visage et son corps d'immondes furoncles qui freinent franchement ses rapports avec cette gente féminine qu'il n'a de cesse de zyeuter.
On accompagne aussi ses premiers contacts littéraires, cette façon naturelle et évidente pour lui d'aborder l'écriture qui ne peut que nous rendre un peu envieux... On sent que pour certains c'est vraiment un don.
Puis vient la découverte ultime, celle de l'alcool qui soulage et donne à la vie des couleurs un peu plus douces.
Ce qui me plaît le plus je crois que c'est que même lorsqu'il raconte comment son paternel l'enfermait dans la salle de bain pour lui infliger des corrections, Bukowski ne tombe jamais dans le misérabilisme. On ne le plains pas, enfin si, un peu car on est humains (enfin j'espère) mais c'est surtout le réalisme et la poésie qu'il met dans ces passages-là qui marquent. Il ne veut pas qu'on le prenne en pitié, non. C'est juste qu'étant donné qu'il a choisi de se raconter, ben il raconte tout. Cash le mec.
Après avoir refermé ce bouquin, j'ai cette impression d'avoir au cours de ces quelques 300 pages rencontré surement l'un des écrivains les plus francs que j'ai pu lire. Et humain, si humain et... bon. Le terme a de quoi faire sourire mais je pense qu'il est adéquat. J'avais aimé les autres livres de lui que je connaissais mais celui-ci m'a vraiment pris aux tripes et au coeur.
En v'là un qu'avait tout compris à l'âge où d'autres en sont encore à faire des sculptures avec leurs crottes de nez.