Immerge-moi, immerge-moi, dans cette fatalité...
Spin, c'est un titre chantant, dansant, l'une des syllabes les plus musicales du monde, et ça, les Spin Doctors, en choisissant leur nom de groupe, l'avaient bien compris.
Mais alors, finalement, ce Spin qu'on nous raconte, chante-t-il, danse-t-il, nous fait-il valser dans une spirale infernale ?
La réponse est non.
C'est triste, car il rassemblait tous les ingrédients pour plaire, un bon parolier, quelques mélodies innovantes ; le fond du problème, tient à sa musique - et par musique, je veux dire atmosphère.
On va se calmer sur les métaphores bien pourries pour aborder le bouquin, et que vous, lecteurs assidus ou passagers, puissiez comprendre de quoi il retourne avec le livre de M. Wilson.
Une écriture assez basique, agrémentée de quelques belles images, peut-être trop rares mais qui permettent de donner un certain relief au style, et surtout de très bonnes idées ; voilà pour le positif. Quant au reste, c'est bien plus corsé. Entre des personnages insipides, et des choix narratifs plus que discutables, nous nous trouvons bien marris. D'une, on ne parvient à s'attacher à qui que ce soit, et surtout pas au personnage principal, Tyler "jenaiaucunepersonnalité" Dupree, sinon, peut-être, d'assez loin, à Jason Lawton. De deux, on ne sent pas l'univers proposé, l'auteur nous confine dans la bulle Dupree-famille Lawson dont on ne parvient jamais vraiment à s'extirper, et à aucun moment on ne se sent véritablement immergé dans ce monde pré-apocalyptique où la criminalité est exacerbée, les pouvoirs publics perdent souvent pied, où les sectes se multiplient en même temps que le taux de suicide monte en flèche. C'est fort dommage car cela ne nous permet pas de prendre véritablement la température de l'espace diégétique proposé, et il eût sans doute été intéressant d'oublier quelques temps les atermoiements de Tyler sur sa pauvre Diane embarquée dans une église hédoniste pour se concentrer sur d'autres points. Même l'alternance structurelle qui nous montre un futur proche dans lequel Tyler et Diane se sont retrouvés, qui les voient pourchassés par le Nouveau Reformesi, dont on ne sait quasi rien sinon qu'il est à la solde du gouvernement américain et qu'il n'aime pas les émigrations, ne parvient pas à nous mettre dans le jus.
Le parti pris de focaliser la narration sur Tyler, et du coup de vivre par son intermédiaire les bouleversements de son temps, aurait pu être vraiment pertinent si seulement il avait été lui-même plus intégré au monde réel et non pas exclu de celui-ci tant dans la Grande Maison que dans Périhélie ou encore chez Ibu Ina.
Avis assez mitigé donc, car les bonnes idées sont diluées dans le marasme de la relation entre Tyler et Diane, qui prend toujours, même quand elle est mise en arrière-plan, le pas sur tout le reste. Tant pis pour l'immersion, qui aurait fait de ce titre un bouquin de SF vraiment géantissime, et aussi dansant ou tournoyant qu'on aurait pu s'y attendre.