Un témoignage historique. Un regard lucide dépourvu de haine sur les évènements. L'adaptation et la plongée abrupte de la civilisation au sauvage à l'arrivée bien trop rapide de l'armée russe. L'échéance se faisait entendre au bruit des canons et des bombardements de plus en plus proches. La sauvagerie, la peur, la catharsis qui s'installe peu à peu jusqu'à devenir la vie courante des berlinois. Elle fait alors surgir l'interdit le tabou, l'immoral, l'instinct comme mode de vie.
Les "barbares" de l'Est et leurs actes sont décrits sans vernis de haine, presque sociologiquement, comme répondant à une logique mécanique, ce n'est que l'ordre naturel des choses après ce les allemands ont fait "là bas".
L'autrice s'accroche alors à la vie, pour vivre, elle jette tout sur son journal. Pour survivre échapper à la furia elle se sert des quelques uns de ces vainqueurs comme protecteurs. L'homme allemand lui est vaincu, humilié, émasculé, en incapacité à défendre ses femelles. Ils sont à l'ombre des moujiks presque civilisés mais vainqueurs et plein de virilité, qui l'eût cru en 1941 ? L'instinct de survie qui s'installe la pousse à comparer, calculer, réfléchir, lequel pourra le mieux subvenir à ses besoins tout en la protégeant des autres Ivans assoiffés de femmes allemandes.
Ce journal est aussi un tableau de la déchéance d'une civilisation et de sa recomposition au travers le tableau de Berlin défait puis reconstruit. Il raconte des comportements et des habitudes adoptées au profit de la survie, puis vite oublié quand la reconstruction pointe le bout de son nez. Il raconte le genre humain exposé à différents contextes et les règles, les convenances et les relations à autrui qui changent du tout au tout au gré de la situation.
Je vous recommande ce livre, pour tout les sujets, toutes les réflexions que peuvent vous apporter le point de vue d'une femme ayant vécu la prise de Berlin, la fin du nazisme, l'arrivée des soviétiques et les bouleversements qui en découlent.