Le lot 49 a été retiré de la vente car il n'a pas trouvé acquéreur
- Vente à la criée du lot 49 (que j'abrègerais désormais en Vente à la criée...) est une sorte de road trip foutraque et désorienté qui m'a rappelé La Cavale du géomètre de Paasilina.
- Dans Vente à la criée... l'absurde guette les protagonistes à tous les coins de rue et prend en main leurs destins comme il le fit jadis pour le pauvre K. du Procès de Kafka.
- Vente à la criée... contient des motifs incongrus qui font sans cesse irruption dans le réel (Tristero et le Cor obturé d'une sourdine qui en est le symbole), jusqu'à le distordre, tel l'incroyable Ubik de Philip K. Dick.
- Le LSD, la folie, les visions et autres causes ou manifestations du déséquilibre mental jouent un tel rôle dans Vente à la criée... que j'aie parfois eu l'impression de relire Le Festin nu de William Burroughs.
- Vente à la criée..., lorsque son rythme ralenti, et que l'invraisemblable s'efface un peu au profit du simple incongru, prend également parfois des airs d'Ecume des Jours de Boris Vian.
- Enfin, la vente à la criée du lot 49 éponyme, n'apparait que dans les toutes dernières pages du livre et fait figure d'anecdote. Pourtant le décalage que crée le choix de ce titre illustre bien le ton du roman et rappelle en conséquence la grandiose Cantatrice chauve de Ionesco dont des nouvelles ne sont prises qu'une fois par hasard dans la pièce du même nom.
Pourtant, Vente à la criée du numéro 49 n'a pour moi rien à voir avec tous ces illustres prédécesseurs ou successeurs.
Car Pynchon, en voulant épater la galerie avec son érudition, et en se laissant porter par le fil de ses idées a oublié je crois dans Vente à la criée... l'élément le plus central de toute œuvre littéraire, ce que la farine est au pain, l'alcool au Whisky et les prémisses à une théorie mathématique : le travail d'écriture. Ce n'est pas parce que l'on explore les continents de l'absurde, qu'un roman ne doit pas avoir de cohérence. Ce n'est pas non plus parce que l'on a choisit de perdre ses personnages et son lecteur que l'on ne doit pas donner motivation aux premiers et envie au second. Et ce n'est pas enfin parce que l'on a empilé des planches de bois, colmaté les interstices et que le machin flotte que l'on a construit un bateau.
J'ai bien fait de commencer par celui-ci...