J'ai un lien très particulier avec "Jane Eyre", un de mes romans favoris de tous les temps, mais bizarrement jusqu'ici je n'avais jamais eu l'idée de lire une autre oeuvre de l'hyper-talentueuse Charlotte Brontë. J'ai lu entre temps les romans de ses sœurs Emily et Anne (dont de cette dernière une perle absolue, très audacieusement féministe pour l'époque et très injustement méconnue, "La Recluse de Wildfell Hall" !!!) mais jamais de Charlotte... Et je me demande bien pourquoi...
Bon alors l'histoire de ce livre qui puise un peu dans l'autobiographique... Lucy Snowe, anglaise n'ayant absolument plus aucune attache dans son pays d'origine décide de se réfugier dans la cité de Villette (comprenez Bruxelles !!!), capitale du royaume de Labassecour (comprenez la Belgique !!!), pour y chercher du mieux qu'elle peut une situation. La chance lui sourit le soir même de son arrivée quand elle atterrit par hasard dans une école de jeunes filles et qu'elle est engagée par la directrice de l'établissement, l'affable extérieurement et froide intérieurement Madame Beck, d'abord comme gouvernante des enfants de cette dernière puis ensuite comme professeur. Par la suite, elle ne manquera pas de croiser des figures de son passé et de faire la connaissance de M. Paul Emmanuel, d'un abord irascible et autoritaire mais dont la protagoniste va peu à peu découvrir une nature intérieure au contraire humaine et généreuse...
Je crois que je n'ai jamais lu d'auteur aussi capable de conjuguer à merveille réalisme et romantisme dans une seule et même oeuvre et dans un seul et même style. La profondeur et les tourments des personnages y sont très bien représentés, si même on reste toujours du point de vue pas toujours objectif de l'héroïne (attention les francophones et les catholiques s'en prennent plein la gueule !!!), les rebondissements sont parfois franchement très surprenants à l'image de la fin, modèle d'ambiguïté dans son écriture qui préfigure longtemps avant certains auteurs du XXème à l'instar de Virginia Woolf, grande admiratrice du roman, et certaines scènes, qui naviguent presque avec l'onirisme, comme par exemple la fête nocturne à laquelle assiste involontairement le personnage principal, sont de véritables joyaux.
"Villette" est une oeuvre prenante, captivante, étonnante, qui m'encourage totalement à me plonger très rapidement dans les deux autres romans que je n'ai pas encore lus de l'immense écrivaine.