Je retrouve mes chers petits zombies avec ce livre très connu de Max Brooks qui sera d'ailleurs très prochainement adapté au cinéma par Marc Forster.
Max Brooks se met lui-même en scène dans la peau d'un agent de la commission Post-Traumatique de l'ONU. Il utilise le livre comme une publication imaginaire des récits de l'après-guerre contre les zombies. Les Nations Unies préfèrent un rapport basé sur des faits et des chiffres en mettant de côté l'aspect humain, Brooks décide d'écrire un livre qui sera le recueil de témoignages de personnes ayant vécu la guerre. Pour se faire, il interroge des personnes du monde entier, chaque chapitre constitue le point de vue de l'une de ces personnes. C'est très intéressant car ce livre n'a pas vraiment de personnage, ou de groupe, principal, il est assez éloigné de la vision d'un récit de zombie qu'on a l'habitude de voir ou de lire. Le fait de dresser une sorte de topographie de la situation ainsi que son évolution progressive au fur et à mesure du livre, on débute avec l'apparition de l'infection et on termine par un happy end hollywoodien que l'on connaît dès le départ, offre donc une perspective globale plus riche que les histoires traditionnelles de morts-vivants. Cette histoire est faite d'interview et adopte donc un style très oral. Malheureusement, Brooks ne tire pas cette caractéristique à son avantage. En effet, ses différents personnages sont souvent assez similaires dans leur façon de s'exprimer, il a énormément de mal à donner beaucoup de nuances au caractère de ses personnages, même si heureusement certains sont atypiques, et verse souvent dans une sorte de caricature.
Cependant, Max Brooks réussit un petit exploit qui est de -déjà- dépoussiéré un genre qui est de plus en plus envahissant. Plein de petites idées sur la "condition" des zombies ou sur les moyens de survivre lors de cette pandémie. Il arrive également à donner un cadre très réaliste à la propagation du virus, notamment aux problèmes auxquels sont confrontés les pays face à cette crise massive. Il arrive également à assez bien décrire la monstruosité qui peut ressortir de certains humains dans ce genre de situation extrême. Le problème, c'est qu'on a l'impression qu'en quête systématique d'idée, il en vient parfois à inventer des choses absurdes. Alors d'accord, c'est un monde envahi par des zombies, mais tout de même. Par exemple, bien qu'il soit "normal" que les gouvernements soient d'abord totalement dépassés par les évènements, et que par conséquent, ils arrivent à engendrer encore plus de problèmes. Cette situation perdure dans le temps, jusqu'à plusieurs années avant que finalement, des voix gardées jusqu'alors sous silence parviennent à se faire entendre.
Après nous avoir fait le schéma de la propagation du virus, le livre se concentre par la suite sur les stratégies et les échecs militaires. Si je trouve les déplacements sur le terrain et toute la dimension géopolitique très intéressante (sans doute des restes de nuits que je passais à jouer à Medal of Honor avec mon cousin), mais les (trop) nombreux acronymes des nouvelles armes rendent certains passages d'un ennui mortel. Évidemment, ici, on est très loin des combats sanguinolents avec "Z", et tant mieux!, mais Brooks cherche parfois tellement un cadre réaliste qu'il rajoute quantité d'éléments qui auraient mérité modération. Autre bémol, même si Brooks est souvent très peu tendre avec son propre pays, en revanche, il a parfois une vision très américaine des conflits ou des autres pays comme la Chine ou le conflit israélo-palestinien.
Un livre plein de bonnes idées sur le genre donc, mais qui malheureusement, s'embourbe parfois en voulant en faire trop.