World War Z par dadujones
Bon dieu qu'il est mal écrit ce livre. Ou mal traduit. Ou les deux.
Ceci dit, c'est censé être la retranscription de témoignages de survivants, une fois achevée la guerre qui libéra l'humanité des zombies -bien qu'il reste encore bien des lieux à nettoyer, entre autres des fonds océaniques ou des zones de neiges éternelles, sans compter l'Islande-. Alors forcément, les témoins, il ne parlent pas comme écrivait Balzac. Mais je ne peux quand même pas croire que le récurent "ça vous étonne que..." qui commence bien des phrases de plusieurs témoignages soit excusable pour autant. Par exemple.
C'est le seul truc un peu irritant. Sinon, pour le reste, bien des défauts, mais des défauts très cools.
Le bouquin se présente comme un véritable document d'après-guerre, publiant les témoignages qu'un personnel de l'ONU avait recueillis dans le cadre de la rédaction d'un rapport de la Commission post-traumatique.
Les témoins sont des survivants ayant participé d'une manière ou d'une autre aux événements pendant l'infection, soit qu'ils aient eu de grosses responsabilités, soit qu'ils aient travaillé avec quelqu'un en ayant.
Les personnages qui témoignent sont de sacrés foutus stéréotypes, du mystique japonais au sergent américain, de l'officier de marine chinois à l'ingénieur indien, au geek bien entendu japonais ou au spécialiste anglais des châteaux-forts.
Ils ont un peu tous le même ton, passé à la moulinette caricaturale de l'auteur, amerloque en diable, Max Brooks. Mais c'est ça qu'est bon. Les situations évoquées sont multiples, originales: on a droit au récit du médecin qui a rencontré le patient zéro, à proximité du barrage des Trois-Gorges en Chine, et là les témoignages se déroulent chronologiquement: les premières semaines, les erreurs commises, les pays qui réagissent en premier -Israël et Afrique du Sud-, la Grande Panique qui s'ensuit, les premières zones de résistance, la lente réorganisation politique et militaire, la mise en défense de certaines régions, les innovations technologiques ou les adaptations des équipements militaires, les premières batailles catastrophiques jusqu'à la "guerre totale" contre les Zombies -"Zack" ou "G"- et le début du nettoyage.
A travers les témoignages, c'est la relecture d'un monde bouleversé dans ses relations géopolitiques et économiques qui apparait, dans ses structures sociales, dans ses pathologies psychiatrique liées à l'épidémie... bref, un survol non exhaustif mais très varié de l'infection et de ses conséquences, avec quelques passages parfaitement mythiques, entre autres le témoignage du geek japonais, de la pilote d'un C-130 crashé dans les marais de Louisiane ou même celui, très bien foutu, du médecin chinois qui découvre le patient zéro.
Chaque témoignage fait entre 3 et 6 pages (à vue d'nez, hein) et du coup ça se lit vraiment très bien, par petits bonds, un témoignage avant d'dormir, ou 25, parce que c'est dur de s'arrêter.
Un excellent bouquin-divertissement, aux défauts charmants, qui se lit comme on mange du pop-corn -pour moi ce sera plutôt un saucisson-, pas prise de tête, un vrai plaisir, absolument parfait pour passer le temps en se faisant du bien. Le livre a trimballer avec toi cet été si tu as des vacances. Sinon, tu peux le lire aussi, mais ne deviens pas violent au boulot pour autant.
Sur ce, m'en vais dire aux copains que ce soir on se fait un Left 4 Dead 2. De gré ou de force.
NB. A l'instar de Bishiboosh, a passer trop de temps à lire ce bouquin -dès que j'avais un instant de libre, en somme-, y'a des moments où quand je relevais la tête, j'étais étonné qu'on ne prenne pas plus de précautions que ça. Barricadez-moi toutes ces putain de portes, bande de connards! que j'étais enclin à crier.