Au-delà des murs est une série fantastique en trois épisodes créée par Hervé Hadmar et Marc Herpoux, respectivement réalisateur et scénariste déjà à l'origine de la série policière Les témoins, diffusée un à deux ans auparavant selon les pays (2015 pour France 2). C'est une série séduisante par certains aspects mais moyenne dans l'ensemble.
Il s'agit de l'histoire de Lisa (incarnée par Veerle Baetens, actrice belge que je ne connaissais que par la série policière europhile The team mais qui a tout de même une quinzaine d'années de bouteille), orthophoniste solitaire héritant d'un inconnu une mystérieuse maison. Intriguée par les bruits qu'elle y entend, elle démolit un mur et se retrouve perdue dans un dédale de pièces et de couloirs sans fenêtre.
On appréciera la direction artistique, avec cette maison au papier-peint rorschachien qui se révèle une prison anxiogène et étouffante, où les styles se mélangent avec pour seul point commun l'abandon, la poussière et les bougies.
L'histoire en revanche n'est finalement pas très originale : une classique histoire de fantômes tourmentant les personnes plus ou moins responsables de leur mort, allégorie bien connue de la culpabilité. Ça a au moins le mérite d'être cohérent.
Mais la cohérence n'étouffe pas non plus Au-delà des murs. Par exemple, le premier épisode confronte Lisa à un homme à tête de sanglier qu'elle fuit. Qu'est-il donc ? On se dit qu'on en saura plus par la suite. Sauf que non, la série fait comme s'il n'avait jamais existé et les futurs antagonistes seront des humains normalement proportionnés. On croirait une idée avortée. Deuxième incohérence monstrueuse : le paradoxe temporel éculé à la fin de la série que je détaille dans le paragraphe spoiler qui suit.
La maison héberge des personnes de toutes époques dans un espace-temps à part. En résumé, Lisa hérite de la maison, sauve un homme appartenant au début du XXe siècle, et cet homme, pour être certain d'être aidé par cette femme du XXIe siècle, lui lègue la maison. Donc, pour qu'il pense à lui léguer la maison, il faut qu'il lui ait légué la maison! Il y a un problème de cause première.
Au niveau du rythme, j'ai le sentiment que le découpage de l'histoire en trois épisodes cache artificiellement des longueurs qui auraient étaient trop visibles et pénibles dans un long-métrage. Enfin, le jeu d'acteur n'est pas exceptionnel, mais ce ne serait pas si grave si le reste était vraiment à la hauteur.
Pour faire simple, Au-delà des murs, c'est inspiré, mais ce n'est pas abouti.
PS: notons la présence de Geraldine Chaplin, fille de Charlie Chaplin ayant joué dans quantité d'autres films depuis les années 50.