Après une enfance modeste auprès d’un père forgeron, Thomas Cromwell fréquente les cours d’Italie et des Pays-Bas. De retour en Angleterre c’est en conseiller du cardinal Wosley que commence son ascension au sein de la couronne britannique. Habile maître des alliances, Cromwell s’attache à lier Anne Boleyn au roi Henri VIII, avant de participer à sa chute afin de favoriser une nouvelle alliance avec les Seymour et la jeune prétendante Jane. Homme froid et opportuniste il saura se rendre indispensable aux yeux d’un roi entouré d’un cénacle de flatteurs. Devenu principal ministre du roi Thomas Crowmell participe à la séparation entre le royaume et l’Église de Rome, désignant Henri VIII chef de l’Église anglaise.
Wolf Hall arbore une certaine rigidité. Les intérieurs éclairés à la bougie, les parcs calmes ne fonctionnent plus comme un écrin fascinant mais comme les antichambres du pouvoir ou du billot, où chaque chuchotement se charge de suspicion. La série ambitionne de porter un regard à hauteur d’homme à une des périodes fondatrices pour la couronne d’Angleterre. Elle éclaire les bouleversements d’un pays par une opposition de personnalités et d’ambition. Les chutes n’en sont que plus impressionnantes, de la déchéance du cardinal Wolsey au volte face de Stephen Gardiner devenu proche du roi et opposant au cardinal. Malgré l’omniprésence de Cromwell et ses incessantes tractations se dessinent en creux une vie à la cour minutée et un portrait exhaustif des différentes forces en action.
La mise en scène très classique et léchée sert parfaitement le récit. Malgré des tenues riches, des appartements à la fine décoration, le bonheur et l’épanouissement n’ont pas lieu d’être à la cour d’Angleterre. Les premiers instants sont particulièrement déroutants. Le jeu des acteurs et la mise en scène confinent à la rigidité, à l’image de Cromwell aux expressions impénétrables, aux sourires transformés en rictus et aux rares emportements. Face à lui Anne Boleyn est d’un charme et d’une ambition que rien n’égale, pas même les intrigues de la partie adverse. Après des débuts minimalistes Wolf Hall libère peu à peu les humeurs et émotions pour aboutir à un final magistral, point d’orgue inévitable, connu de tous et pourtant captivant.
L’interprétation est admirable et concoure pleinement à cette atmosphère. Au centre le merveilleux Mark Rylance sous les traits d’un Cromwell en apparence indifférent, presque inoffensif. Toujours sobre quelques soient les circonstances, il se détendra au fil des épisodes, libérant ses émotions comme il gravit la hiérarchie. Anne Boleyn portée par Anne Foy, parfaite en intrigante clôt la série par une scène mémorable. L’homme de toutes les convoitises est incarné avec justesse par Damian Lewis. Charismatique, colérique, humain médiocre, son Henri VIII est impressionnant. Les seconds rôles sont eux aussi irréprochables : Mark Gatiss (Stephen Gardiner), Joanne Whalley (Catherine d’Aragon) et Jonathan Pryce (Thomas Wolsey).
Curieusement j’ai mis du temps à entrer dans cet univers. Wolf Hall est d’une sécheresse qui peut rebuter certains spectateurs. Loin d’user des artifices attisant notre addiction, la série se borne à comprendre les différents mécanismes à l’oeuvre dans l’ascension d’un homme qui n’avait rien et n’était rien. Wolf Hall fait partie de ces oeuvres en demi-teinte et qui avec le temps se teinte d’un vernis d’excellence dans nos mémoires. Et rassurez-vous, même si vous connaissez cette histoire vous prendrez un intérêt certain et ce jusqu’à la dernière minute d’une dernière scène exceptionnelle.
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