Plus d'une décennie après sa création, je me lance enfin dans le visionnage de "Dexter", dont j'avais quand même suivi quelques épisodes éparpillés de-ci de-là, à l'époque de la diffusion sur TF1 en troisième partie de soirée…
Adaptée des romans de Jeff Lindsay, la série créée par le méconnu James Manos Jr bénéficie de bonnes critiques au moins jusqu'à la saison 4, c'est donc l'horizon que je me fixe pour cette découverte tardive.
Saison #1 : 8/10
Audacieux et subversif, le concept de "Dexter" s'avère formidablement ludique et réjouissant, nous offrant une remarquable saison inaugurale - à l'image de son générique d'ouverture (même si forcément l'impact s'avère moindre à mes yeux à cause du décalage temporel).
En revanche je n'ai pas trouvé la série particulièrement addictive. A la limite, cette première salve de 12 épisodes pourrait presque se suffire à elle-même.
Dans les premiers épisodes, les personnages semblent uni-dimensionnels, et certains apparaissent vite agaçants, à l'instar de Rita, la petite amie "gentille" de Dexter.
Les auteurs souhaitent visiblement instaurer une forme de grotesque dans le caractère outrancier des protagonistes, afin de souligner la satire sociale, en utilisant le registre de la farce. Mais cette direction n'est pas vraiment maintenue, au fur et à mesure que les personnages s'épaississent, se complexifient ou changent carrément (à l'image de Maria LaGuerta, au départ égocentrée voire cruelle, qui s'humanise nettement).
En tant que cop show, ce n'est quand même pas très fou, avec des sous-intrigues parfois moyennes et surtout des révélations qu'on voit venir deux épisodes à l'avance (l'identité de la némésis notamment, ainsi que certaines fausses pistes).
D'autre part le rythme est lent, et le récit se trouve alourdi par les flashbacks explicatifs concernant la jeunesse de Dexter - certes nécessaires mais sans doute trop fréquents.
Heureusement l'essentiel n'est pas là : ce que j'ai trouvé marquant dans la série de Showtime, c'est l'excellente critique sociale sous-jacente, qui transpire des propos exprimés par la voix-off du héros, lui-même inadapté social chronique, qui ne manque jamais d'égratigner l'hypocrisie, l'incohérence et la vacuité de la société américaine. Le portrait à charge est jubilatoire, et à ce niveau "Dexter" se distingue aisément de la concurrence.
Saison #2 : 7/10
Une deuxième saison qui s'inscrit dans les pas de la première, c'est à dire agréable sans être sensationnelle.
L'attrait de la série réside toujours dans la personnalité atypique de son héros et dans l'identification qui s'opère de manière aussi inattendue qu'efficace, puisque Dexter s'adresse directement au spectateur par le biais de la voix-off.
Le contexte géographique de la Floride contribue également au charme de "Dexter", avec les paysages typiques (plages, Everglades…), la météo ensoleillée, la lumière spécifique, les flics aux tenues décontractées…
Le parcours du héros lors de cette saison 2 s'avère parfois intéressant mais rarement captivant : on découvre tout de même le fin mot autour de sa naissance, on en apprend davantage sur son père, et par ailleurs les restes de ses victimes sont découvertes par des plongeurs en début de saison, obligeant notre serial killer à trouver un bouc-émissaire.
Concernant les nouveaux personnages, j'ai bien aimé l'agent Lundy campé par Keith Carradine, mais je n'ai guère été séduit par celui de Lila et son teint blafard, incarnée par Jaime Murray.
Saison #3 : 8/10
Quelques mots au sujet de cette troisième saison, qui s'avère à mes yeux la meilleure jusqu'à présent.
La série demeure très homogène après 36 épisodes désormais, mais les 12 derniers m'ont semblé un brin plus accrocheurs, grâce notamment à la présence de Jimmy Smits (alias Bobby Simone dans "NYPD Blue") dans la peau de Miguel Prado, un procureur au comportement ambigu qui va devenir le premier véritable ami de notre Dexter.
La métamorphose progressive de cette relation inédite, qui évolue dans de nombreuses directions (même si l'on peut deviner les grandes lignes à l'avance) permet de donner du souffle à la saison 3, et il m'est arrivé d'enquiller les épisodes, ce que j'avais peu fait jusqu'à présent.
Par ailleurs, l'arc narratif de Debra lui fait rencontrer un indic' séduisant (Anton) tandis qu'un nouveau flic du groupe (Quinn) est suivi par la police des polices, et qu'un tueur surnommé "l'écorcheur" terrorise la ville de Miami.
Dans le même temps, la toujours aussi pénible Rita se retrouve enceinte, et Dexter va devoir se questionner sur la notion de paternité.
Quant à la vieille Camilla, qui a connu Frank Morgan, elle souffre d'un cancer en phase terminale et demande à Dexter de l'aider à mourir...
Saison #4 : 7/10
Voilà, mon histoire avec "Dexter" va se terminer en même temps que cette quatrième saison, malgré le gros cliffhanger sur lequel s'achève l'ultime séquence.
En effet, si le niveau du show est resté constant tout au long de ces 48 épisodes, je ne me suis jamais attaché suffisamment aux personnages pour que le suspense m'apparaisse insoutenable concernant la suite des événements. Je crois que tout est dit…
Cela dit, cette saison 4 s'est révélée une nouvelle fois de bonne facture, avec en vedette le fameux tueur de la Trinité, incarné par le glaçant John Lithgow, un comédien souvent abonné aux rôles de sociopathes, notamment chez De Palma.
J'ai suivi cette nouvelle intrigue sans ennui, avec intérêt parfois, mais jamais avec passion, sans bingewatcher les épisodes comme il m'arrive de le faire avec les meilleures séries policières.
Une majorité de suiveurs s'accordent sur le fait que "Dexter" se met à décliner à partir de ce moment, qui correspond au départ du showrunner historique Clyde Phillips, donc pas de regret...