Fringe
6.9
Fringe

Série FOX (2008)

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De l'élégance des mondes parallèles

Saison 1 (8/10) :


Oui, il est vrai que l'on pense souvent aux « X-Files » en regardant cette première saison de « Fringe », nous narrant les enquêtes de cette section du FBI pas franchement comme les autres. Mais j'ai presque envie de dire : « Et alors? » tant, malgré les similitudes avec les enquêtes de Mulder et Scully, la série créée par J.J. Abrams réussit néanmoins à nous offrir des scénarii d'une grande richesse, en définitive loin d'être si devinables que cela et surtout réussissant une osmose assez brillante entre le polar pur et la science-fiction du meilleur goût.


Car c'est aussi cela, « Fringe » : une esthétique léchée et séduisante, mais surtout très personnel, faisant la part belle aux couleurs glacées, le tout sans jamais trop en faire ou que celle-ci prenne le pas sur l'intelligence du propos ou la qualité des personnages, que ce soit les premiers ou seconds rôles.


On appréciera d'ailleurs autant la présence de la très séduisante et talentueuse Anna Torv que celle de John Noble, savoureux en scientifique au passé plus que douteux, en passant par Blair Brown, inquiétante co-directrice de la mystérieuse entreprise Massive Dynamic. Plus simplement : c'est prenant, souvent subtil et vraiment savoureux : les amateurs de science-fiction, de polar et même les autres devraient se régaler. Une réussite.


Saison 2 (8/10) :


Les premiers épisodes, légèrement poussifs, inquiètent un peu. Est-on déjà en train d'assister au déclin de la série signée J.J. Abrams ? Eh bien pas du tout, au contraire ! Car après ce démarrage un peu laborieux, « Fringe » redevient la série exceptionnelle qu'elle était, voire meilleure que ne pouvait l'être la première saison. C'est que tout en creusant toujours plus ses personnages, l'oeuvre peut compter sur un scénario de plus en plus dense et palpitant. Ainsi, alors que le premier volet se contentait d'aborder de-ci de-là la question du monde parallèle, nous sommes ici plongés en plein dedans, à l'image d'un dernier épisode passionnant et même assez émouvant. Alors c'est vrai que l'on perd du coup un peu en intrigue « épisode par épisode », mais cela est tellement compensé par les enjeux mondiaux que doivent résoudre les trois héros que le problème est presque anecdotique.


Abrams et ses fidèles scénaristes Alex Kurtzman et Roberto Orci n'en oublient pas pour autant l'humour à travers la relation toujours aussi complexe entre Walter et son fils Peter (même si celui-ci est logiquement un peu moins présent vu la tournure des événements) et de soigner leur remarquable univers visuel, celui-ci s'avérant encore plus riche que lors du précédent volet. Pour toutes ces raisons c'est avec une grande impatience que j'attends la suite des aventures de la charismatique et très belle Olivia Dunham, assurément l'une des plus fascinantes séries de science-fiction depuis la création des « X-Files » en 1993. Sacrée référence!


Saison 3 (8/10) :


Ce qui est bien avec « Fringe », c'est qu'elle est tellement riche que chaque saison nous promet des possibilités infinies, nous évitant à coup sûr l'effet de répétition. Ce troisième volet n'échappe pas à la règle et s'avère l'égal de ses prédécesseurs à tous niveaux. Il est même à noter que si la deuxième saison avait difficilement démarré, celle-ci part au contraire sur les chapeaux de roue, reprenant l'intrigue exactement où elle l'avait laissé pour la développer considérablement. On en est presque étonné de voir J.J. Abrams et ses compères toujours aussi créatifs, intelligents, le tout sans jamais perdre le fil quant à cette histoire d'univers parallèles et de disparition planétaire pourtant complexe.


Alors c'est vrai : certaines idées sont parfois farfelues et quelques sous-intrigues affadissent très légèrement l'ensemble, mais même dans ces moments-là, nous avons toujours la curieuse impression que tout cela a un sens et aura forcément de l'importance ultérieurement, ce qui est d'ailleurs souvent le cas. Les trois créateurs n'en perdent pas pour autant leur humour, à l'image de personnages toujours séduisants et bien interprétés, ni leur sens visuel très développé, offrant à la série une dimension toujours aussi « personnelle ». Il y aurait tant à dire que le mieux est encore de vous y plonger, car hormis une poignée de réserves et un léger fléchissement en fin de parcours (à noter un dernier épisode plutôt déconcertant), « Fringe » reste l'un des plus beaux cadeaux offerts par la science-fiction ces dernières années : cette troisième saison ne déroge pas à la règle.


Saison 4 (6/10) :


Après trois saisons quasiment irréprochables, voilà que « Fringe » se met à fléchir. Attention : cela reste toujours aussi beau visuellement, la série reste riche à bien des égards et on continue globalement à suivre cela agréablement. Pour autant, si les précédents volets gardaient toujours une certaine cohérence, les créateurs partent ici dans des délires vraiment trop lointains. Et que je te fais pénétrer dans le cerveau des gens, et que je te fais parler les morts pendant quelques minutes, et que je disparais dans l'espace-temps pour finalement réapparaître presque par la seule force des sentiments de mes proches, et que je te donne des explications plus délirantes les unes que les autres pour justifier tel action...


Ah ça, pour avoir de l'imagination, J.J. Abrams et ses acolytes en ont ! Mais celle-ci n'est plus maîtrisée comme avant, apparaissant presque comme un prétexte dès qu'une solution est galère et qu'il serait difficile de la résoudre autrement. Alors c'est vrai : cela a son petit charme, nous demandant régulièrement : « putain, mais où vont-ils chercher tout cela ? », mais aussi ses limites, d'autant que les nouveaux éléments ajoutés à l'intrigue principale ne sont pas toujours très convaincants, même s'ils ont au moins le mérite de renouveler un peu le concept.


Et je ne parlerais même pas du « twist » final, auquel nous avions échappé miraculeusement jusqu'ici et qui finit par nous tomber sur la gueule... Bref, si « Fringe » se regarde toujours avec plaisir, offrant comme d'habitude quelques épisodes vraiment chouettes ainsi qu'une belle créativité, cette quatrième saison un bon cran en-dessous de ses prédécesseures semble néanmoins justifier la fin de la série, que l'on espère voir se conclure en beauté. L'espoir fait vivre.


Saison 5 (6/10) :


Soyons honnêtes : il était temps que ça se termine. Après cinq saisons de bons et loyaux services, « Fringe » tire en effet sa révérence et je pense que c'était la meilleure solution. Attention : cela ne veut pas dire que ce dernier volet est une catastrophe, loin de là. Les créateurs ont pris le soin de renouveler l'univers et le contexte, si bien que nous ne sommes pas réellement en terrain connu, notre attachement aux personnages et à ce monde si singulier restant, lui, à peu près intact.


Mais on sent aussi que si Abrams, Kurtzman et Orci ont choisi ce changement radical dans l'approche de la série, c'est également parce que ces derniers arrivaient au bout de leurs idées, ne parvenant plus donner à donner l'élan créatif qui était la marque de « Fringe » depuis le début... Malgré tout, et au-delà parfois d'une certaine confusion narrative, l'ensemble reste de bonne facture, et on est quand même un peu triste de dire au revoir à cette chère Olivia Dunham, surtout à travers un dénouement potable, mais légèrement expédié... Une page se tourne, en espérant que la série saura se faire, au fil des années, une place de choix dans le domaine de la science-fiction.


Critique globale (7/10) :


Trois premières très bonnes saisons, deux dernières un peu moins... Malgré tout, « Fringe » reste pour moi une des séries importantes en matière de science-fiction de ces dernières années, dont j'ai du mal à comprendre la relative indifférence du grand public, à moins que ce ne soit la Fox qui, en ne la diffusant que rarement à une heure de grande écoute, lui ai joué quelques tours involontairement.


Vous me direz, cinq saisons pour une série, c'est une durée tout à fait correcte, preuve que tout ce beau monde avait su réunir un public fidèle et motivé, conscient de la richesse d'un univers visuellement assez beau et renouvelant avec un certain talent la question des univers parallèles et des voyages dans le temps, sans oublier des personnages en définitive assez attachants et bien joués (mention spéciale à l'excellent John Noble). Bref, c'est presque par hasard que je m'étais lancé dans « Fringe », et c'est finalement avec beaucoup de plaisir et d'intérêt que je l'ai suivi jusqu'au bout : malgré un essoufflement en fin de parcours, une belle réussite.

Caine78

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