Saison 1 (7/10) :
Allez, j'aurais même pu accorder une étoile supplémentaire à ce modèle de cynisme qui a bien évidemment inspiré la version américaine avec Kevin Spacey. Alors certaines scènes fonctionnent mieux que d'autres, on n'adhère parfois qu'à moitié et la série a peut-être tendance à en faire légèrement trop...
Reste que ce mélange d'élégance inouï pour présenter le plus abject des personnages a quelque chose de particulièrement savoureux, surtout que, sans nous le rendre sympathique, sont point de vue est tellement bien exposé, son intelligence tellement grande et son raisonnement tellement implacable que, même si l'on a un peu honte, on ne peut s'empêcher d'adhérer à son discours pleins de sarcasmes et de méchancetés envers tout ce qui bouge, d'autant que Ian Richardson apparaît rapidement comme l'interprète idéal pour camper un tel individu, y ajoutant au passage beaucoup de classe.
Et si la peinture peut donc paraître un peu excessive, la mécanique est tellement bien huilée et l'ensemble suffisamment instructif et corrosif pour que cela passe sans grand problème. Bref, une bonne entrée en matière avant de découvrir le remake, forcément beaucoup plus développé au vu du nombre d'épisodes : ça promet...
Saison 2 (7/10) :
Après une première « saison » (oui, parce que le découpage d'épisodes n'est pas exactement le même en France qu'au Royaume-Uni) de haute volée, cette seconde saison partait sur les mêmes bases, gardant un ton toujours aussi incisif tout en renouvelant avec intelligence et habileté l'offre, à l'image de la belle et ambitieuse conseillère en communication, mais surtout le Roi lui-même, que les scénaristes ont eu l'étonnante (et excellente) idée d'imaginer en idéaliste très progressiste et rapidement adversaire implacable de Francis Urquhart.
On sent un travail toujours aussi remarquable sur l'écriture, les dialogues, les situations, offrant une série à la fois aussi étonnamment suave qu'intense, où chacun va se révéler fin stratège pour arriver à ses fins (il n'est toutefois pas interdit de trouver certaines manœuvres grossières et peu crédibles). Dommage que le scénario, cynique au possible et relativement subtil jusque-là, choisisse la surenchère dans la dernière ligne droite, notre héros ne faisant pas preuve d'une grande imagination et
décidant de mettre fin à la partie exactement de la même manière que dans le précédent volet, sans nuance ni grande réflexion, l'effet de surprise en moins (d'autant que la mort de Mattie était autrement plus marquante).
C'est d'autant plus regrettable que l'on a cette fois du mal à croire que cela passe « crème » à ce point, sans que quiconque ne s'interroge vraiment sur la manœuvre orchestrée. Reste une stimulante plongée dans le milieu peu reluisant de la politique britannique et une belle opposition entre Ian Richardson et Michael Kitchen, tous deux excellents, mais on est en droit d'être déçu de ce final au vu de la qualité du spectacle offert jusque-là.