La Maison des bois
8.5
La Maison des bois

Série ORTF (1971)

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Loin de se limiter à la forme de la série télévisée, La Maison des Bois n'est ni plus ni moins une œuvre cinématographique majeure. Au-delà de la trame habituelle du feuilleton consistant en de nombreux rebondissements auxquels le spectateur doit adhérer le plus possible, Pialat fonde sa réalisation sur la pure observation d'un village français lors de la première guerre mondiale.

Alors que l'ensemble possède un caractère pictural* intense, il est important de noter la quasi documentarisation de certaines scènes, et l'impact sensible que représente la confrontation entre fiction et aspect documentaire. Irrémédiablement, la récurrence de superpositions de ce type provoquera tour à tour chez le spectateur : identification aux protagonistes puis choc émotionnel dû au réalisme dans laquelle est plongée la fiction. Ce choc est d'autant plus puissant que l’œuvre toute entière est portée par ses sujets, qui d'un enfant, d'un vieillard, ou d'une jeune femme apportent vivacité, vitalité et humanité malgré le contexte sombre dans lequel ils évoluent.

Chacun apporte sa pierre à l'édifice, érige peu à peu l’œuvre de son caractère et de son physique parfois caractéristique : papa Albert en aimable petit homme enveloppé ; le marquis, grand et dégingandé que l'on penserait affable ; le petit Hervé, sociable et volontiers solitaire, aventurier mature au regard empli de découvertes à venir.

Car la Maison des Bois, comme son nom l'indique, est avant tout une histoire profondément humaine, où hommes, femmes et enfants sont plongés malgré eux dans l'incompréhension et l'attente, où l'institution familiale et l'éducation semblent trouver toute leur signification. La Maison des Bois, ce foyer agréable où sont recueillis quelques enfants orphelins pour un temps, formant au gré des sorties et des tâches quotidiennes une grande famille pourtant éphémère.

Alors que la guerre prend subitement fin, c'est toute la communauté qui se voit anéantie à son tour, comme sous l'effet d'une bombe à retardement. Et c'est bien le poids de ces responsabilités passées qui fera succomber lentement Maman Jeanne, rongée par la nostalgie et la perte de son fils unique.

*Cette notion est traitée dans la critique de Stern : http://www.senscritique.com/serie/La_Maison_des_bois/critique/20659335
Pointofview
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le 23 mai 2013

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