Des qualités à tous les niveaux : richesse du contenu, références aux pulps (les contes de la crypte, et autres comics d'horreur qui fleurissaient dans les années 50/60 avant d'être interdits), traitement de la couleur qui relève de la peinture. J'étais aux anges devant le tirage couleur que je n'ai vu nulle part ailleurs (ou peut-être dans quelques émissions TV produites par Disney, il y a longtemps), digne du technicolor dans ses plus grandes heures. Une reconstitution des années 20 et 50 très convaincante au niveau des décors et des costumes. Des effets spéciaux très réussis aussi ; un travail graphique extraordinaire d'un bout à l'autre avec un bémol sur l'épisode Je suis dont les armures des amazones faisaient vraiment toc tout en restant dans un esprit kitch (et le kitch c'est rigolo) digne du style Camp. Il y a d'innombrables hommages appuyés au cinéma d'aventure et de distraction des années 80s qui a redonné le goût des salles obscures à toute une génération d'ados et de jeunes adultes. On peut s'amuser à les chercher et les dénombrer mais ce n'est pas l'objet de ce billet.
Un petit complément d'information qui ne révèle rien de bien important sur l'intrigue sinon que le pitch que l'on trouve généralement laisse entendre que ce serait une sorte de road movie alors que, lorsqu'on a vu l'intégralité de la série, on comprend qu'il s'agit d'un familly strip à large spectre (si j'ose dire). La trame dramatique qui sous-tend l'ensemble est profondément liée à l'histoire de la famille du héros principal, Atticus Freeman. Héros principal, ou au moins celui par lequel le problème se révèle. Alors, oui, il y a bien quelques voyages, pas toujours en Amérique et pas toujours sur une route. Les membres de la famille Freeman se balladent aussi sous la terre, dans l'espace, dans le temps, voire dans des dimensions parallèles. Il n'y a pas vraiment de limite et un critique un peu trop conventionnel pourrait penser que toutes ces dispersions du sujet affaiblissent le propos. Ce n'est pas mon cas, au contraire, ça reste une série, que la notion d'unité de lieu, d'espace et de temps soit explosée est plutôt un enrichissement. On part un peu dans tous les sens, mais pourquoi pas ? Si c'est bien fait. A mon avis, 97 % que du bon et 3% de sel dans le dernier épisode qui ne mégote pas sur la quantité.
En revanche, je comprends qu'HBO n'ai pas donné suite à ce programme même si je regrette vraiment qu'il n'y ait pas de saison 2. Celle-ci possède une tonalité spéciale qui la rend vraiment unique dans sa manière d'aborder la condition noire dans ces années-là. Certainement trop militante, trop manichéenne, peut-être trop vraie et trop réaliste pour un programme télé qui vise le fantastique et l'imaginaire.