Saison 1 (7/10) :
C'est un léger problème récurrent dans ce genre de séries policières ambitieuses : l'enquête n'est pas tout à fait à la hauteur du reste, certaines zones restant assez troubles, peu expliquées, finissant par passer au second plan dans la dernière ligne droite. Cela n'enlève pas les très belle qualités dont fait preuve Aurélien Molas trois heures durant, que ce soit dans sa capacité à créer des protagonistes forts comme d'exploiter remarquablement un cadre cinématographique (enfin, télévisuel) au possible : la Guyane. À la fois d'une grande beauté et volontiers inquiétante, le département est filmé avec force et magnétisme, accompagnant avec beaucoup d'élégance un récit qui, malgré ses faiblesses, montre de vrais atouts.
Cet aspect cauchemardesque, obsessionnel renvoyant à l'enfance d'un des deux héros donne à l'œuvre une dimension presque hypnotique, la faisant basculer dans une dimension surnaturelle souvent du plus bel effet. Enfin, et non pas de la moindre importance : le duo Stéphane Caillard - Adama Niane est excellent, la première apportant beaucoup d'intensité à ce personnage presque constamment à vif, le second montrant une vraie sensibilité quant à un passé pour le moins tourmenté. Tout n'est pas parfait, donc, et nul doute qu'une écriture plus rigoureuse du scénario aurait pu faire la série vers quelque chose de grand, mais il se dégage de l'œuvre une personnalité, une densité rendant ce « voyage au bout de l'enfer » à part, tout en en faisant une expérience visuelle de premier ordre. Avouez que c'est tentant.
Saison 2 (6/10) :
J'avais apprécié la première saison, malgré un scénario pouvant parfois prêter à confusion. Le constat est à peu près le même pour cette suite, si ce n'est que ce ressenti s'est exacerbé. Pourtant, le premier épisode fait bonne figure, que ce soit par ce choix de changer radicalement de décor (de la Guyane à Saint-Pierre-et-Miquelon) ou de proposer une intrigue sensiblement différente, où seul le mysticisme reste sensiblement présent, bien que lui aussi soit très différent (question de culture : africaine précédemment, indienne ici).
Mais assez vite, j'ai eu du mal à suivre cette aventure tortueuse, parfois inutilement complexe pour une enquête qui, si l'on réfléchit, s'avère assez classique, pour ne pas dire banale. Beaucoup de sous-intrigues, parfois séduisantes, parfois moins, certains aspects bien exploités, d'autres moins : c'est souvent le jeu du verre à moitié vide ou à moitié plein, même si, en faisant un effort, on parvient à peu près à reconstituer le puzzle, malheureusement gâchée par une fin plate et très décevante.
Dommage, car lorsque la série se donne vraiment les moyens, elle peut être formidable : la photo est très belle, l'atmosphère superbement rendue et les rares scènes d'action n'en sont que plus intenses, bien filmées. Enfin, Stéphane Caillard continue d'épater dans le rôle de cette héroïne forte et marquante, bien que je sois extrêmement surpris (euphémisme) de voir le traitement infligé à la police métropolitaine en outre-mer. Bref, du bon et du moins dans ce second volet, confirmant une forte personnalité devant et derrière la caméra, plus en difficulté pour raconter une histoire de qualité du début à la fin. Pas sûr qu'une saison trois vienne sensiblement changer la donne, mais qui sait, peut-être les démons de la série auront été vaincus d'ici là.