C'est Todd Haynes, donc forcément très beau visuellement, magnifiquement reconstitué et excellemment interprété, à l'image de la grande Kate Winslet dans le rôle-titre, idéale interprète d'un personnage complexe, très imparfait mais constamment d'une grande dignité. Elle est pour l'occasion impeccablement entourée de seconds rôles qui, sans lui voler la vedette, se fondent parfaitement parfaitement dans cet univers élégant, remarquablement éclairé : Brian F. O'Byrne, Guy Pearce, Evan Rachel Wood et Melissa Leo sont au diapason. C'est peut-être un peu trop classique pour moi, parfois pas assez « audacieux », même si ce reproche est discutable étant donné qu'il s'agit de la seconde adaptation (en beaucoup plus développé, série oblige) d'un classique de James M. Cain, auteur, entre autres, du mythique « Facteur sonne toujours deux fois ».
Certains épisodes sont plus séduisants que d'autres, l'histoire étant parfois assez dense, parfois plus statique dans son évolution. Cela écrit, je me suis peu ennuyé devant un récit de qualité, proposant des protagonistes forts qu'il prend le temps de développer, la dimension temporelle étant exploitée à bon escient, notamment concernant Mildred et sa fille Veda. D'ailleurs, je trouvais qu'il ne se passait rien d'essentiel dans le dernier épisode jusqu'à une révélation capitale, justifiant tous les choix de Haynes pour arriver à ce dénouement
douloureux et sans pardon possible,
chose rarissime dans la sacro-sainte famille américaine : vous en dire plus serait prendre un risque. Ce n'est pas ma production HBO préférée, mais c'est de la belle ouvrage, avec talent devant et derrière la caméra : les amateurs de spectacle « classique » seront aux anges.