Saison 1 : 9/10
Excellente surprise que cette comédie policière, qui constitue à mes yeux la série la plus enthousiasmante de 2021 (avec "Mare of Easttown", dans un registre plus classique).
Surfant sur la mode des podcasts true crime, particulièrement populaires outre-Atlantique, "Only Murders in the Building" parvient à mêler humour et enquête avec une aisance remarquable - même si le premier élément reste le plus marquant.
D'ailleurs, il s'agit autant de bonne humeur que d'humour à proprement parler, les créateurs Steve Martin et John Hoffman parvenant à installer une atmosphère à la fois chaleureuse et inquiétante, incarnée par ce formidable décor de l'Arconia Building, extrêmement cosy et confortable, mais aussi glaçant par son immensité et ses couloirs vides.
Pour information, ce bâtiment est fictif, mais s'inspire fortement du Belford, situé dans l'Upper West Side ; ainsi, la série diffusée par Hulu tire parfaitement parti de son ambiance new yorkaise hivernale, laquelle participe pleinement à son identité visuelle, au même titre que le superbe générique animé qui ouvre chaque épisode.
D'autre part, la grande force de "Only Murders in the Building" réside dans l'écriture des personnages, admirablement interprétés par les 3 vedettes du show, également co-producteurs.
Ainsi, j'ai été littéralement bluffé par Martin Short, comédien que je découvre presque alors que le mec vient d'atteindre 70 balais! Irrésistible dans son rôle d'histrion maniéré, l'habitué des comédies US très grand public fait preuve ici d'une palette d'humour bien plus vaste, entre le dandy cynique et le loser pathétique.
Moins impressionnant mais tout aussi attachant, son complice de longue date Steve Martin se montre également à son avantage, dans un personnage très complémentaire du premier.
Enfin, de manière inattendue, c'est la jeunette Selena Gomez qui accompagne efficacement ce binôme de quasi-vieillards. On réalise alors que l'ancienne Disney Girl a vraiment une tête bizarre en prenant de l'âge, pas vraiment un prix de beauté, mais il lui suffit d'apparaître en jean serré dans la scène suivante pour faire monter la température de quelques degrés!
Au final, je l'ai trouvé parfaite dans son rôle plus introverti, de sorte que ce trio a priori déroutant fonctionne à plein régime.
Autant dire que ces 10 épisodes d'environ 30 minutes m'auront enthousiasmé du début à la fin (même si certains tiqueront sur les inévitables facilités de l'enquête policière), véritables friandises que j'ai pris soin de savourer lentement, un par un, chaque soir en rentrant chez moi, petites bulles de détente que je vous recommande chaudement - en attendant la saison 2 déjà en production.
Saison 2 : 7/10
Comme on pouvait le craindre, la magie de la saison initiale s'est quelque peu évaporée au cours de cette deuxième salve d'épisodes - à moins que ce soit mon humeur et mon état d'esprit qui aient décliné entre temps?
L'ensemble reste plutôt sympathique et agréable (le format 30 minutes facilite le visionnage), mais cette saison 2 chute d'un bon cran dans tous les domaines - au point que ma note de 7 me semble presque généreuse.
Déjà sur le plan de l'humour, où d'inévitables redondances se font sentir, surfant sur les caractéristiques décalées de chaque personnage, mais sans le charme de la nouveauté.
La bonne humeur et l'atmosphère chaleureuse restent un atout majeur de la série, mais à un degré moindre que dans la saison inaugurale.
En parallèle, l'interprétation apparaît moins convaincante, en particulier de la part de Selena Gomez, dont les limites en tant que comédienne sautent parfois aux yeux, ainsi que de certains seconds rôles.
Dernier point, sans doute le plus gênant, l'intrigue policière qui fonctionnait en tant que mini-série, souffre évidemment de la déclinaison sur plusieurs saisons, contraignant les scénaristes à développer artificiellement le background de chaque personnage, parfois avec intelligence, parfois avec maladresse. Ainsi, même si la vraisemblance et la rigueur narrative n'ont jamais été des caractéristiques prédominantes du show, la suspension consentie de l'incrédulité du téléspectateur est mise à rude épreuve durant cette saison 2.
Si je viens d'inventorier un certain nombre de défauts, ils doivent être mis en perspective avec l'enthousiasme qui fut le mien à la découverte d'"Only Murders in the Building". Je n'ai certes pas retrouvé cette magie, mais la plupart des qualités remarquables que je soulignais dans ma critique de la saison inaugurale restent valables - simplement à un degré moindre.
La série demeure un bonbon sucré à l'arrière-goût acidulé, dont on apprécie la dimension gentiment satirique, riche de multiples punchlines, clins d'œil et autres private jokes, souvent en lien avec l'actualité, les célébrités ou l'air du temps...