La plus grande tragédie qui puisse arriver à une œuvre ambitieuse, c’est qu’on n’ait rien à en dire. Et Outcast, malgré ses efforts insistants, n’est pas une série sur laquelle on a matière à s’étaler des heures. Ses qualités et ses défauts n’ont rien de mystérieux, on doute que cela évoluera à l’avenir et, plus important, un peu plus de deux mois après la diffusion de son pilote, plus personne ne semble en parler.
Outcast c’est l’adaptation en série télévisée des comics éponymes de Robert Kirkman, l’auteur de The Walking Dead, sur la chaîne Cinemax, antenne du groupe HBO qu’on a récemment remarqué pour Banshee, The Knick et Strike Back. Une première incursion dans l’horreur donc, puisque Outcast est une série d’exorcisme : on y suit un homme « maudit » depuis son enfance, accompagné d’un prêtre pas très académique se prenant pour un soldat de dieu, dans leur combat contre les forces du mal au cœur de la petite ville de Rome en Virginie Occidentale.
Il y a beaucoup de choses de prime abord très prometteuses dans la série comme dans le comics dont elle est adaptée : le mal y est invisible, rampant, suggéré. L’atmosphère est lourde et inquiétante, Outcast a le cadre d’une série possédée. On pouvait difficilement espérer mieux niveau mise en scène, qui trouve la note juste entre épouvante et drame psychologique – ici, tout est malsain sans être subversif, tout est montré sans être dit.
Le véritable problème d’Outcast c’est son écriture : on est devant un Supernatural sous somnifères, avec un format épisodique qui ne s’assume pas, un rythme si assommant que l’ennui s’installe dès le second épisode, des enjeux trop brumeux, des personnages secondaires aux caractères bien faibles. On s’endort et on ne se réveille pas, Outcast s’installe dans une routine soporifique qui provient notamment du fait que la série n’est ni fun (comme le fut Supernatural) ni intelligente (comme le fut L’Exorciste). Elle s’est trouvé une ambiance, mais elle n’a jamais su se dénicher un ton.
On ressort de ces dix épisodes exténué : ce n’est honnêtement pas nul, mais ça n’a aucun intérêt. Outcast c’est chiant comme la pluie, mais on peut pourtant se douter que certains y trouveront leur compte. Il faut juste trouver le moyen de se raccrocher à quelque chose – pour les autres, ce n’est même pas la peine, car à part souffrir, Outcast n’a rien à proposer. Elle aura au moins réussi à redonner un rôle de premier plan à Patrick Fugit.