La longue nuit de l'exorcisme. Mais sans exorcisme. Et en plein jour.
Tout d’abord, remercions une fois de plus les traducteurs de titres français (c’est à se demander si ces gens-là ne choisissent pas les titres au pif, genre « Eh ! Ça sonne bien ! On met ça ! ») pour « La longue nuit de l’exorcisme » : d’exorcisme vous n’en verrez aucun, et s’il est parfois fait mention de magie noire, nous sommes en présence plus d’un thriller se rapprochant du giallo que d’un film d’épouvante ou d’horreur.
Dans un village typique italien, plusieurs enfants sont assassinés. La police s’égare sur de fausses pistes quand un journaliste, venu pour couvrir l’affaire, décide de mener l’enquête.
La longue nuit de l’exorcisme n’est pas un chef d’œuvre, on peut même dire qu’il a assez mal vieilli, mais reste un bon film. Le fait de transposer le giallo, genre plutôt urbain, à la campagne, est un choix original. Cela permet d’aborder des thèmes comme la superstition, le rejet des « étrangers » ou encore la pudibonderie religieuse exacerbée. Certaines scènes sont très réussies, toutes dans différents genres. La sensualité de Barbara Bouchet qui transpire à l’écran, quand, nue, elle se moque gentiment du petit Michele… La course-poursuite dans la forêt, ou la « sorcière » finit acculée par une meute de chiens policiers est haletante… Et que dire d’une scène de meurtre, crue, violente, en milieu de film et de l’agonie de cette femme (je n’en dit pas plus pour ne pas spoiler) : les gros plans sur ses blessures sont difficilement supportables. Enfin le scénario est assez bien ficelé pour cacher efficacement l’identité du meurtrier jusqu’à la fin.
Le long métrage de Fulci possède également quelques défauts. Le casting est loin d’être excellent, certains acteurs semblant prendre la pose pendant que d’autres affichent une impassibilité digne de Steven Seagal. J’en veux pour preuve que lors de la crise d’épilepsie de l’un des personnages principaux, les gendarmes assistant à la scène se montrent à peu près aussi expressif qu’un tricentenaire devant sa ration quotidienne de Derrick.
Et ce qui, pour moi, est le point noir de La longue nuit de l’exorcisme, c’est sa fin (ce qui, vous l’avouerez, est quand même ballot). Dans une scène violente mal jouée au « gore » tellement mal fait qu’il en devient carrément ridicule, Fulci gâche la fin de son film, alors qu’il s’en sortait très bien au niveau des maquillages jusque ici.
Reste un film à l’atmosphère particulière, aux paysages de campagne italienne sublimée par la caméra de Fulci et assez captivant pour que l’on ne sombre jamais dans l’ennui. Ajoutez à cela des journalistes à la moustache plus que fournie, une rouquine qui semble allergique aux vêtements trop couvrant ainsi qu’une enfant sourde et muette que les différents protagonistes n’hésiterons jamais à nommer presque affectueusement « la débile » ou « la demeurée »…
Ah le charme des seventies…