C'est quand même une catastrophe ce film.
L'ayant vu il y a quelques temps déjà et en gardant un souvenir flou et peu positif, je lui donnais alors une nouvelle chance et je le jure : j'étais prête à être (un peu) indulgente, car entre temps, j'avais découvert effarée Giallo et Dracula 3D. Mais ce n'est pas parce qu'il n'est pas aussi pourri que les deux pré-cités que cela le sauve. Loin de là.
Fan totale d'Argento, Suspiria (très bon) et Inferno (bon) ne sont tout de même pas mes favoris du réalisateur donc on peut dire que j'étais peut-être moins encline à descendre La Troisième Mère en flèche à l'instar de certains, mais j'en ressors extrêmement déçue, et le mot est faible.
C'est bien simple, sortie de quelques moments ou le maestro italien retrouve un peu de vigueur, notamment dans sa capacité à mettre en valeur les espaces clos toujours bien choisis et malgré le fait que l'on sente le réalisateur un peu plus investi que dans ses dernières daubes, le reste frise allègrement le ridicule quand il ne se vautre pas dedans, purement et simplement. Même son plan séquence sympatoche dans les escaliers de la demeure de la Troisième Mère est quand même loin de vous soulever le fondement de votre fauteuil.
Le scénario est ultra mince, pour ne pas dire stupide, mais au pire des cas je pourrais passer outre si l'on me proposait une atmosphère qui fonctionne et une mise en scène qui tue. C'est déjà mal barré quand on vous met sous les yeux des pseudos scène d'apocalypse avec 5,6 pauv' figurants qui se battent en duel.
Le casting en fait des caisses, surjouant à la limite du kitsh et que ce soit voulu ou pas, ce n'est pas du meilleur effet. Le comble étant que le film se déroule à Rome, les 3/4 des acteurs sont italiens et tous parlent... anglais avec un accent italien à couper au couteau. Bref.
Mention spéciale pour les apparitions grotesques au possible de Daria Nicolodi en spectre enrobée d'une jolie lumière bleutée, toute droit sortie d'un mauvais effet spécial des seventies, le tout aggravé par le fait de sa ressemblance désormais troublante avec Chantal Goya.
Là où Argento nous a par le passé bluffé en mettant en scène des morts à la fois sanglantes, esthétiques, érotiques mais dégageant toujours une élégance certaine, ici il se complet dans le gore qui tache, certes par moment inventif mais plus proche de ce qui se fait dans des conneries à la Hostel que dans ses premières oeuvres.
Piochant dans toute sa filmo -- du bain de cadavres de Phenomena au couple lesbien de Ténèbres, etc. -- dans ce que certains verront comme un clin d'oeil et que moi je prends plus comme une solution de facilité, Dario finit de tuer son film en nous gratifiant de pétasses sur-maquillées ressemblant plus à des collègues égarées de Julia Roberts dans Pretty Woman qu'à des sorcières, et d'une Mater Lacrimarum euh... Comment dire ?
A la base elle est quand même sensée être la plus puissante et belle des trois mères, ce qui suppose à mon humble avis un peu de charisme. Un tout tout petit peu même. Alors je vais être claire, une (trop) mauvaise actrice tout le temps à moitié nue et exhibant une poitrine mal refaite, ce n'est pas l'idée que je me fais du charisme. Flûte, il nous a toujours habitué à tellement mieux au niveau du choix de ses interprètes féminines...
En concluant son film sur cet éclat de rire incontrôlé et injustifié d'Asia et de son acolyte, on a quand même un peu l'impression que tranquillou le Dario, non content de s'être foutu de notre gueule pendant 1h30, il a décidé en plus de nous le montrer. Merci mec !
Alors je peux comprendre que certains soient indulgents avec ce film, soit qu'ils s'en tartine les narines d'Argento ou alors qu'ils aient pris le parti de rire devant ce qui au final flirte méchamment avec le nanar, j'avoue...
Mais je n'y arrive pas. C'est que, ce salaud de Dario, je l'aime moi ! Avec plein de rouge, de bleu sombre et de reflets de lames de couteau étincelantes dans les yeux, alors j'en ai un peu marre qu'il se contente dorénavant de nous jeter en pâture des films de merde, masquant derrière un semblant de j'm'en foutisme assumé et de morgue, le fait qu'il n'est plus fichu de faire un film ne serait-ce que correct.