L'argument est mince : un couple, ensemble depuis une quinzaine d'années, que d'aucuns considèrent comme un modèle, se sépare. Ils décident de marquer le coup avec une fête. Et c'est à peu près tout!
L'humour est léger, et tient sur le principe de l'humour de répétition, les deux personnages annonçant systématiquement la nouvelle à un ou plusieurs membres de leur entourage, se hâtant toujours de préciser qu'ils vont bien, et même qu'ils organisent une fête. Les réactions seront diverses et variées, bien que la plupart pensent, évidemment, que l'idée de la fête est pour le moins saugrenue.
Ce qui tient de prime abord dans septembre sans attendre, c'est que les acteurs sont très bien. Mais c'est surtout que Trueba s'amuse avec les conventions cinématographiques et les clichés du genre.
Par exemple, il y a cette scène en split screen, métaphore évidente de la séparation. On se dit que Trueba fonce sur le poncif. Mais la scène suivante désamorce le dispositif : elle est montée comme un split screen, sauf que... ce n'en est pas un! La séparation est produite par un mur bizarrement placé dans l'appartement.
Autre exemple de jeu, le film dans le film : Trueba introduit cet élément méta désormais bien connu, comme quoi ce qu'on voit à l'écran se mélange avec le film que finit de monter l'un des personnages. Sauf que là encore, le cliché est désamorcé, lorsque la réalisatrice et son monteur sont montrés travaillant sur leur film, mais comme filmés eux-mêmes à travers un cadre formé par le décor!
C'est que le décor, il faut en dire un mot : il est incroyablement bien pensé et participe énormément à la réussite du film.
Ce qui n'aurait pu être qu'un pensum, se révèle léger et plaisant, par la grâce d'une mise en scène inspirée. Jusqu'aux cartons qui participent de l'illusion : prenons par exemple celui qui indique "Mettons que nous sommes le 22 septembre" (citation approximative). En assumant à ce point l'artifice et en le mettant en avant et au cœur de son dispositif, Trueba montre une croyance dans le cinéma qui fait plaisir à voir.