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Un livre, une citation

Des citations qui pourraient résumer un style, un livre.

Liste de

190 livres

créée il y a presque 13 ans · modifiée il y a 3 mois
Harry Potter et les Reliques de la Mort
7.8

Harry Potter et les Reliques de la Mort (2007)

Harry Potter, tome 7

Harry Potter and the Deathly Hallows

Sortie : 26 octobre 2007 (France). Roman, Jeunesse, Fantastique

livre de J. K. Rowling

aaiiaao a mis 9/10 et a écrit une critique.

Annotation :

« Vraiment ? demanda Dumbledore d'un ton lourd. Je n'en suis pas si sûr. J'avais donné la preuve, dans mes jeunes années, que le pouvoir était ma faiblesse et ma tentation. C'est une chose curieuse à dire, Harry, mais peut-être que les plus aptes à exercer le pouvoir sont ceux qui ne l'ont jamais recherché. Ceux qui, comme toi, reçoivent la responsabilité du commandement et endossent ce manteau parce qu'ils le doivent, puis s'aperçoivent, à leur grande surprise, qu'ils le portent très bien. »

La Route
7.6

La Route (2006)

The Road

Sortie : 3 janvier 2008 (France). Roman, Science-fiction

livre de Cormac McCarthy

aaiiaao a mis 8/10 et a écrit une critique.

Annotation :

« What's the bravest thing you ever did ?
He spat into the road a bloody phlegm. Getting up this morning, he said. »

Le Livre du rire et de l'oubli
7.4

Le Livre du rire et de l'oubli (1978)

Kniha smíchu a zapomnění

Sortie : 1979 (France). Roman

livre de Milan Kundera

aaiiaao a mis 8/10, l'a mis dans ses coups de cœur et a écrit une critique.

Annotation :

« Jusqu'ici, sa sexualité avait été occupée par l'amour (je dis occupée parce que le sexe n'est pas l'amour, ce n'est qu'un territoire que l'amour s'approprie), elle participait donc à quelque chose de dramatique, de responsable, de grave. Ici, parmi les enfants, au royaume de l'insignifiance, l'activité sexuelle et enfin redevenue ce qu'elle était à l'origine : un petit joujou à produire une jouissance physique. »

L'Insoutenable Légèreté de l'être
7.8

L'Insoutenable Légèreté de l'être (1984)

Nesnesitelná lehkost bytí

Sortie : 1984 (France). Roman, Philosophie

livre de Milan Kundera

aaiiaao a mis 10/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

« Tant que les gens sont encore plus ou moins jeune et que la partition musicale de leur vie n'en est qu'à ses premières mesures, ils peuvent la composer ensemble et échanger des motifs (comme Tomas et Sabina ont échangé le motif du chapeau melon) mais, quand ils se rencontrent à un âge plus mûr, leur partition musicale est plus ou moins achevée, et chaque mot, chaque objet signifie quelque chose d'autre dans la partition de chacun. »

L'affaire Marie-Madeleine

L'affaire Marie-Madeleine

Sortie : octobre 2004 (France). Roman

livre de Gérald Messadié

aaiiaao a mis 7/10.

Annotation :

« Il ne pouvait nier l'évidence : sous la façade de l'ordre romain, ce pays était vermoulu. Frottés depuis bientôt trois siècles aux religions étrangères, les Juifs s'étaient lassés de cette loi rigoureuse qui les isolait du reste du monde, leur interdisant tout rapport autre que marchant avec les communautés païennes, y compris les mariages mixtes et bien des plaisirs ordinaires de l'existence dont les autres jouissaient avec une inconscience insolente. Ils aspiraient à une Loi plus douce. »

L'Homme qui devint Dieu
7.5

L'Homme qui devint Dieu

Sortie : 1988 (France). Roman, Biographie

livre de Gérald Messadié

aaiiaao a mis 8/10.

Annotation :

« Et elle resta alors agenouillée, noir paquet de chagrin chu dans l'allégresse du festin. »

Qu'est-ce que les Lumières ?
7

Qu'est-ce que les Lumières ? (1784)

(traduction Jean-Michel Muglioni)

Was ist Aufklärung ?

Sortie : 15 avril 2015 (France). Essai, Philosophie

livre de Emmanuel Kant

aaiiaao a mis 9/10.

Annotation :

« La paresse et la lâcheté sont les causes qui expliquent qu'un si grand nombre d'hommes, après que la nature les a affranchi depuis longtemps d'une direction étrangère, reste cependant volontiers, leur vie durant, mineurs, et qu'il soit facile à d'autres de se poser en tuteur des premiers. Il est si aisé d'être mineur ! »

Un enfant de Dieu
7.3

Un enfant de Dieu (1973)

Child of God

Sortie : 1992 (France). Roman

livre de Cormac McCarthy

aaiiaao a mis 8/10 et a écrit une critique.

Annotation :

« Chacune des feuilles qui lui caressaient le visage rendait plus profondes sa tristesse et son angoisse. Chaque feuille qu'il passait, il ne la dépasserait plus jamais. Elles couraient sur son visage comme des voiles, certaines déjà jaunes, avec leurs veines pareilles à des os fragiles lorsque le soleil brillait au travers. Il s'était résolu à continuer car il ne pouvait revenir en arrière et le monde ce jour-là était plus ravissant que jamais et il chevauchait vers sa mort. »

Le Meilleur des mondes
7.6

Le Meilleur des mondes (1931)

Brave New World

Sortie : 1931. Science-fiction, Roman

livre de Aldous Huxley

aaiiaao a mis 7/10 et a écrit une critique.

Annotation :

« Bernard à cette heure, était profondément endormi et souriait au paradis personnel de ses rêves. Il souriait, souriait. Mais inexorablement, toutes les trente secondes, l'aiguille des minutes de la pendule électrique accrochée au-dessus de sa tête bondissait en avant avec un petit bruit presque imperceptible : « Clic, clic, clic, clic... » Et ce fut le matin. Bernard se retrouva parmi les misères de l'espace et du temps. »

Extrêmement fort et incroyablement près
7.6

Extrêmement fort et incroyablement près (2005)

Extremely Loud and Incredibly Close

Sortie : 2006 (France). Roman

livre de Jonathan Safran Foer

aaiiaao a mis 7/10 et a écrit une critique.

Annotation :

« Parfois j'entends mes os se tendre à craquer sous le poids de toutes les vies que je ne vis pas »

L'Écume des jours
7.5

L'Écume des jours (1947)

Sortie : 1947 (France). Roman

livre de Boris Vian

aaiiaao a mis 7/10 et a écrit une critique.

Annotation :

« À l’endroit où les fleuves se jettent dans la mer, il se forme une barrière difficile à franchir, et de grands remous écumeux où dansent les épaves. Entre la nuit du dehors et la lumière de la lampe, les souvenirs refluaient de l’obscurité, se heurtaient à la clarté et, tantôt immergés, tantôt apparents, montraient leur ventre blanc et leur dos argenté. »

Le Rapport de Brodie
7.4

Le Rapport de Brodie (1970)

El informe de Brodie

Sortie : 1972 (France). Recueil de nouvelles

livre de Jorge Luis Borges

aaiiaao a mis 6/10 et a écrit une critique.

Annotation :

« Il se dit aussi que les hommes, au cours des âges, ont toujours répété deux histoires : celle d’un navire perdu qui cherche à travers les flots méditerranéens une île bien-aimée, et celle d’un dieu qui se fait crucifier sur le Golgotha. »

Cent ans de solitude
8

Cent ans de solitude (1967)

Cien años de soledad

Sortie : 1968 (France). Roman

livre de Gabriel García Márquez

aaiiaao a mis 9/10 et a écrit une critique.

Annotation :

« Un dimanche des Rameaux, ils pénétrèrent dans sa chambre alors que Fernanda se trouvait à la messe, et transportèrent Ursula en la tenant par la nuque et par les chevilles.
- Pauvre petite arrière-arrière-grand-mère, fit Amaranta Ursula, voilà qu’elle est morte de vieillesse.
L’effroi fit bondir Ursula.
- Je suis vivante ! s’écria-t-elle.
- Tu vois, reprit Amaranta Ursula en retenant son rire, elle ne respire même plus.
- Mais je parle ! hurla Ursula.
- Elle ne parle même plus, dit Aureliano. Elle est morte comme un cri-cri.
Ursula se rendit donc à l’évidence. « Mon Dieu ! s’exclama-t-elle à voix basse. Ainsi, c’est cela la mort. » Elle entama une oraison interminable, d’une voix morne et précipitée, qui se prolongea plus de deux jours durant et, le mardi, avait dégénéré en un salmigondis de prières vers Dieu et de conseils pratiques pour éviter que les fourmis rouges ne fissent s’écrouler la maison, pour qu’on ne laissât jamais s’éteindre la lampe devant le daguerréotype de Remedios et pour qu’aucun Bundia n’allât se marier avec quelqu’un de même sang, car il en naîtrait des enfants à queue de cochon. Aureliano le Second essaya de profiter de son délire pour lui faire avouer où était enterré l’or, mais encore une fois, toutes ses adjurations furent vaines. « Quand son propriétaire se présentera, dit Ursula, Dieu éclairera sa lanterne, afin qu’il le découvre. » Sainte Sophie de la Piété acquit la certitude qu’on allait la trouver morte d’un moment à l’autre car elle avait observé, ces jours-ci, un certain trouble dans la nature : les roses sentaient la parfum de la patte-d’oie, elle fit tomber un bol de pois chiches et les graines s’immobilisèrent par terre en ordre géométrique parfait, décrivant la forme d’une étoile de mer, et une nuit, elle vit passer à travers ciel une fil de disques lumineux de couleur orangée. »

Le Silmarillion
7.5

Le Silmarillion (1977)

(traduction Pierre Alien)

The Silmarillion

Sortie : 1978 (France). Roman, Fantasy

livre de J.R.R. Tolkien

Annotation :

« Alors les voix des Ainur, tels des harpes, des luths, des flûtes et des trompettes, des violes et des orgues, tels des chœurs aux voix innombrables, commencèrent à tisser le thème d’Ilúvatar dans une harmonie grandiose. Le son des mélodies qui se fondaient sans fin l’une dans l’autre s’éleva pour tisser une harmonie qui dépassa les limites de l’ouïe en hauteur comme en profondeur, les demeures d’Ilúvatar furent pleines à déborder d’une musique dont les échos atteignirent le Vide, et ce ne fut plus le vide. »

Gatsby le magnifique
7.4

Gatsby le magnifique (1925)

(traduction Philippe Jaworski)

The Great Gatsby

Sortie : 2012 (France). Roman

livre de F. Scott Fitzgerald

aaiiaao a mis 9/10, l'a mis dans ses coups de cœur et a écrit une critique.

Annotation :

« Et à mesure que la lune montait dans le ciel, les maisons dérisoires se mirent à s’estomper jusqu’à ce que peu à peu je prenne conscience que cette île avait un jour fleuri sous le regard des marins hollandais – le giron vert et jeune du nouveau monde. Les murmures de ces arbres évanouis, les arbres qui avaient laissé leur place à la maison de Gastby, avaient jadis bercé le dernier et le plus grand des rêves humains ; pendant un moment éphémère et magique, l’homme a dû retenir son souffle en présence de ce continent, plongé dans une contemplation d’esthète qu’il ne comprenait ni ne désirait, nez à nez pour la dernière fois dans l’histoire avec quelque chose proportionné à sa capacité d'émerveillement. »

Le Tour du monde en 80 jours
7.5

Le Tour du monde en 80 jours (1873)

Sortie : 1873 (France). Roman, Science-fiction, Voyage

livre de Jules Verne

aaiiaao a mis 6/10 et a écrit une critique.

Annotation :

« C’était un homme instruit, qui aurait volontiers donné des renseignements sur les coutumes, l’histoire, l’organisation du pays indou, si Phileas Fogg eût été homme à les demander. Mais ce gentleman ne demandait rien. Il ne voyageait pas, il décrivait une circonférence. C’était un corps grave, parcourant tune orbite autour du globe terrestre, suivant les lois de la mécanique rationnelle. En ce moment, il refaisait dans son esprit le calcul des heures dépensées depuis son départ de Londres, et il se fût frotté les mains, s’il eût été dans sa nature de faire un mouvement inutile. »

L'Aleph
8

L'Aleph (1952)

El Aleph

Sortie : 1967 (France). Recueil de nouvelles

livre de Jorge Luis Borges

aaiiaao a mis 9/10 et a écrit une critique.

Annotation :

« Tous les neufs ans, neuf êtres humains pénètrent dans la maison pour que je les délivre de toute souffrance. J’entends leurs pas et leurs voix au fond des galeries de pierre, et je cours joyeusement à leur rencontre. Ils tombent l’un après l’autre, sans même que mes mains soient tâchées de sang. Ils restent où ils sont tombés. Et leurs cadavres m’aident à distinguer des autres telle ou telle galerie. J’ignore qui ils sont. Mais je sais que l’un deux, au moment de mourir, annonça qu’un jour viendrait mon rédempteur. Depuis lors, la solitude ne me fait plus souffrir, parce que je sais que mon rédempteur existe et qu’à la fin il se lèvera sur la poussière. Si je pouvais entendre toutes les rumeurs du monde, je percevrais le bruit de ses pas. Pourvu qu’il me conduise dans un lieu où il y aura moins de galeries et moins de portes. Comment sera mon rédempteur ? Je me le demande. Sera-t-il un taureau ou un homme ? Sera-t-il un taureau à tête d’homme ? Ou sera-t-il comme moi ?
Le soleil du matin resplendissait sur l’épée de bronze, où il n’y avait déjà plus trace de sang. "Le croiras-tu, Ariane ? dit Thésée, le Minotaure s’est à peine défendu." »

Le Vieux qui lisait des romans d'amour
7.4

Le Vieux qui lisait des romans d'amour (1992)

Un viejo que leía novelas de amor

Sortie : 1992 (France). Roman

livre de Luis Sepúlveda

aaiiaao a mis 9/10, l'a mis dans ses coups de cœur et a écrit une critique.

Annotation :

« Antonio José Bolivar ôta son dentier, le rangea dans son mouchoir et sans cesser de maudire le gringo, responsable de la tragédie, le maire, les chercheurs d'or, tous ceux qui souillaient la virginité de son Amazonie, il coupa une grosse branche d'un coup de machette, s'y appuya, et prit la direction d'El Idilio, de sa cabane et de ses romans qui parlaient d'amour avec des mots si beaux que, parfois, ils lui faisaient oublier la barbarie des hommes. »

Faut-il manger les animaux ?
7.8

Faut-il manger les animaux ?

Eating Animals

Sortie : 6 janvier 2011 (France). Essai

livre de Jonathan Safran Foer

aaiiaao a mis 7/10 et a écrit une critique.

Annotation :

« Pour moi, la responsabilité d’un éleveur ne se limite pas à veiller à ce que ses animaux soient protégés des souffrances et des cruautés. Je pense que nous devons à nos bêtes le plus haut niveau d’existence. Parce que nous leur prenons leur vie pour nous nourrir, je pense qu’elles ont le droit de connaître les plaisirs simples de la vie – comme se dorer au soleil, se reproduire, élever leurs petits. Je pense qu’elles méritent de connaître la joie. Et c’est ce que nous nous efforçons de procurer à nos animaux ! Un des problèmes que j’ai avec la plupart des critères de production « humaine » de la viande, c’est qu’ils se concentrent uniquement sur la protection contre la souffrance. Ce qui, pour moi, devrait être une évidence. Aucun éleveur ne devrait tolérer que ses animaux souffrent inutilement. Mais quand on élève un animal dans le but de lui prendre la vie, on a tellement d’autres responsabilités !
[…]
Pour moi, c’est comme si les animaux avaient conclu un accord avec l’homme, une sorte d’échange. Quand l’élevage est pratiqué correctement, l’homme peut offrir à l’animal une vie meilleure que ce qu’il pourrait espérer dans la nature, et presque à coup sûr une meilleure mort. C’est très important. Il m’est arrivé à plusieurs reprises de laisser des enclos ouverts par inadvertance. Pas une de nos bêtes n’est partie. Elles ne partent pas parce que ce qu’elles trouvent ici, c’est la sécurité du troupeau, une pâture abondante, de l’eau, du foin de temps en temps, et une grande prévisibilité. Et leurs amies sont là. Dans une certaine mesure, elles choisissent de rester. Ce n’est pas un accord totalement libre, bien sûr. Nos bêtes n’ont pas décidé de leur propre naissance – mais au fond, c’est le cas de chacun d’entre nous.
Je crois qu’il est noble d’élever des animaux pour en faire de la nourriture saine – d’offrir à un animal une vie de joie et de liberté, dépourvue de souffrance. Nous prenons leur vie dans un but précis. Et je pense que, fondamentalement, c’est ce à quoi nous aspirons tous : une bonne vie et une mort douce. »

Témoignage d'une éleveuse végétarienne

Bidoche, L'industrie de la viande menace le monde
7.6

Bidoche, L'industrie de la viande menace le monde

Sortie : septembre 2010 (France). Essai

livre de Fabrice Nicolino

aaiiaao a mis 9/10 et a écrit une critique.

Annotation :

« Un régime alimentaire est aussi maniable qu’un pétrolier, à une échelle sans commune mesure. En Occident, l’industrie de la viande est devenue centrale dans l’économie et ses relais politiques sont innombrables, à droite comme à gauche. Puis l’imaginaire collectif, façonné par des décennies de propagande publicitaire à la gloire de la bidoche et du hamburger, ne donne que peu de signes de changements, sinon à la marge. On n’hésitera pas une seconde à tirer un coup de chapeau au mouvement végétarien, dont tant se gaussent. Il se pourrait qu’il soit l’un des mouvements sociaux les plus responsables de la planète. Et, à la réflexion, le conditionnel n’est pas de vigueur. »

Le Prophète
7.5

Le Prophète (1923)

The Prophet

Sortie : 1926 (France). Essai, Poésie

livre de Khalil Gibran

aaiiaao a mis 8/10.

Annotation :

« Souvent je vous ai entendu dire, comme parlant en dormant, « Celui qui travaille le marbre et trouve dans la pierre la forme de son âme, est plus noble que celui qui laboure la terre.
Et celui qui saisit l’arc-en-ciel pour le coucher sur la toile à la ressemblance de l’homme, vaut mieux que celui qui fabrique des sandales pour nos pieds. »
Mais je dis, non pas dormant mais dans l’extrême éveil de midi, que le vent ne parle pas plus doucement aux chênes géants qu’au plus mince de tous les brins d’herbe,
Et seul est grand celui qui change la voix du vent en un chant que son propre amour rend plus doux.

Le travail est l’amour rendu visible.
Et si vous ne pouvez travailler avec amour mais seulement avec dégoût, il vaut mieux quitter votre travail et vous asseoir à la porte du temple et accepter l’aumône de ceux qui travaillent avec joie.
Car si vous cuisez le pain avec indifférence, vous cuisez un pain plus amer qui ne satisfait qu’à moitié la faim de l’homme.
Et si vous pressez le raisin à regret, votre regret distille un poison dans le vin.
Et si vous chantez, fût-ce comme les anges, et n’aimez pas chanter, vous rendez l’oreille de l’homme sourde aux voix du jour et aux voix de la nuit. »

Le Mur invisible
7.5

Le Mur invisible (1963)

Die Wand

Sortie : 1985 (France). Roman

livre de Marlen Haushofer

aaiiaao a mis 6/10.

Annotation :

« Mais si le temps n'existe que dans ma tête, et si je suis le dernier être humain, il finira avec moi. Cette pensée me rend joyeuse. Il est peut-être en mon pouvoir de tuer le temps. Le grand filet se déchirera et tombera dans l'oubli avec son triste contenu. On devrait m'en avoir de la reconnaissance, mais personne ne saura après ma mort que c'est moi qui ai assassiné le temps. Dans le fond, ces pensées n'ont pas la moindre signification. Les choses arrivent tout simplement et, comme des milliers d'hommes avant moi, je cherche à leur trouver un sens parce que mon orgueil ne veut pas admettre que le sens d'un événement est tout entier dans cet événement. Aucun coléoptère que j'écrase sans y prendre garde ne verra dans cet événement fâcheux pour lui une secrète relation de portée universelle. Il était simplement sous mon pied au moment où je l'ai écrasé : un bien-être dans la lumière, une courte douleur aiguë et puis plus rien. Les humains sont les seuls à être condamnés à courir après un sens qui ne peut exister. Je ne sais pas si j'arriverai un jour à prendre mon parti de cette révélation. Il est difficile de se défaire de cette folie des grandeurs ancrées en nous depuis si longtemps. Je plains les animaux et les hommes parce qu'ils sont jetés dans la vie sans l'avoir voulu. Mais ce sont les hommes qui sont sans doute le plus à plaindre, parce qu'ils possèdent juste assez de raison pour lutter contre le cours naturel des choses. Cela les a rendu méchants, désespérés et bien peu dignes d'être aimés. Et pourtant il leur aurait été possible de vivre autrement. Il n'existe pas de sentiment plus raisonnable que l'amour, qui rend la vie plus supportable à celui qui aime et à celui qui est aimé. Mais il aurait fallu reconnaître que c'était notre seule possibilité, l'unique espoir d'une vie meilleure. Pour l'immense foule des morts, la seule possibilité de l'homme est perdue à jamais. Ma pensée revient sans cesse là-dessus. Je ne peux pas comprendre pourquoi nous avons fait fausse route. Je sais seulement qu'il est trop tard. »

Et quelquefois j'ai comme une grande idée
8.6

Et quelquefois j'ai comme une grande idée (1964)

Sometimes a Great Notion

Sortie : septembre 2013 (France). Roman

livre de Ken Kesey

aaiiaao a mis 8/10 et a écrit une critique.

Annotation :

« Dévalant le versant ouest de la chaîne côtière, de l’Oregon… viens voir les cascades hystériques des affluents qui se mêlent aux eaux de la Wakonda Auga. Les premiers ruisselets caracolent comme d’épais courants d’air parmi la petite oseille et le trèfle, les fougères et les orties, bifurquent, se scindent… forment des bras. Puis, à travers les busseroles et les ronces élégantes, les myrtilles et les mûres, les bras cascadent pour fusionner en ruisseaux, en torrents. Enfin, au pied des collines, émergeant entre les mélèzes laricins et les pins à sucre, les acacias et les épicéas – et puis la mosaïque vert et bleu des sapins de Douglas -, la rivière en personne franchit d’un bond cent cinquante mètres… et là, regarde : voici qu’elle prend ses aises à travers champs.

Vue de la grand-route en surplomb du rideau d’arbres, elle est d’abord métallique comme un arc-en-ciel d’aluminium, un long copeau d’alliage lunaire. De plus près, elle se fait organique, vaste sourire liquide aux gencives hérissées de pilotis brisés et pourrissants, l’écume aux lèvres. D’encore plus près, elle s’aplanit pour devenir fleuve, aussi plate qu’une rue, grise comme du ciment et tout entière faite de pluie, même au plus fort de la saison des crues, en raison d’un chenal si profond et d’un lit si érodé : nul bas-fond pour créer des rapides refluant à contre-courant, nul rocher pour agacer sa surface… rien qui indique le mouvement sinon les grumeaux d’écume jaunâtre tourbillonnant au vent dans leur dérive vers la mer, et les troncs dressés de bosquets noyés que le flot noir et silencieux fait ployer, tendus et tremblants. »

Carry On
7.4

Carry On (2015)

Simon Snow, tome 1

Sortie : 2017 (France). Roman, Jeunesse, LGBTQ+

livre de Rainbow Rowell

aaiiaao a mis 8/10, l'a mis dans ses coups de cœur et a écrit une critique.

Annotation :

« I glance over at him; he still looks like something I want to eat. »

Aristote et Dante découvrent les secrets de l’univers
7.9

Aristote et Dante découvrent les secrets de l’univers (2012)

Aristotle and Dante Discover the Secrets of the Universe

Sortie : juin 2015 (France). Jeunesse, Roman

livre de Benjamin Alire Saenz

aaiiaao a mis 7/10 et a écrit une critique.

Annotation :

« Nous avons bu notre café en silence. Je la regardais lire ses dossiers. Dans la lumière du matin, elle avait l’air jeune. Elle était belle. Je l’enviais. Elle avait toujours su qui elle était.
J’aurai voulu lui demander : Maman, quand saurai-je qui je suis ? »

Une scène jouée dans la mémoire suivie de Qui rapportera ces paroles ?

Une scène jouée dans la mémoire suivie de Qui rapportera ces paroles ?

Sortie : 2001 (France). Théâtre

livre de Charlotte Delbo

aaiiaao a mis 10/10, l'a mis dans ses coups de cœur et a écrit une critique.

Annotation :

« C’est pourquoi les journées sont si longues : toutes ces minutes une à une, ces minutes une à la fois. Vous avez déjà observé une minute de silence dans une cérémonie ? C’est long, une minute. D’abord on pense à celui qu’on commémore, puis on pense à une foule de choses: il faut que j’achète du vernis à ongles, que je passe à la librairie, ma commande doit être prête ; il faut que je téléphone à Suzy - et quand le président regarde sa montre et qu’on se rassoit, on est soulagée de s’asseoir comme si on avait été debout longtemps. Ici, chaque journée se décompose dans toutes ses minutes. Et pendant chacune de ces minutes, il faut être sur le qui-vive sans jamais de relâche, pour parer un coup, pour ne pas tomber, pour s’obliger à bouger les orteils dans les godasses sinon ils gèleront, pour garder sa tête, pour garder sa mémoire, cette assurance que j’ai d’être encore moi - rester sur le qui-vive pour rester présente à soi-même et ordonner à son coeur de battre. J’ai beau lui commander, mon coeur ne répond plus à la commande. La dysenterie vide aussi le sang du coeur. S’il y avait seulement un peu d’eau pour se laver. J’ai essayé avec de la neige. Cela ne lave pas, la neige, et c’est glaçant au ventre. J’ai renoncé. Cela m’est égal maintenant. »

Chez soi
8

Chez soi (2015)

Une Odyssée de l'espace domestique

Sortie : 23 avril 2015. Essai, Culture & société

livre de Mona Chollet

aaiiaao a mis 7/10, l'a mis dans ses coups de cœur et a écrit une critique.

Annotation :

« Quand le train d’atterrissage se posait sur la piste, on sentait la maison désormais toute proche. Autour de nous, la familiarité de de la ville retrouvée annonçait ce comble de la familiarité que la maison représentait. L’impatience et l’excitation grandissaient tout au long du trajet, jusqu’à ce que la voiture s’engage dans le long chemin sans issue au bout duquel nous habitons. Lorsqu’elle s’arrêtait dans la cour, la fatigue du voyage s’était envolée.
La porte s’ouvrait, et j’étais éblouie. Notre absence nous avait déshabitués des lieux ; elle les avait enveloppés dans un torchon et les avait frottés jusqu’à les débarrasser de la poussière déposée par la routine d’une année scolaire. Je les retrouvais comme neufs, et même bien mieux que neufs, car ils irradiaient de la densité des souvenirs accumulés, du sens débordant dont ils étaient chargés à mes yeux. Je percevais chaque détail et l’ensemble qu’ils formaient, avec une intensité que seule la mémoire, la plupart du temps, est capable de conférer. Je prenais conscience comme jamais de ma chance de disposer d’un tel royaume. Il semblait fourmiller de possibilités, me promettre les plus grandes voluptés, des plus grandes révélations. Aujourd’hui encore, répondre à cet appel est sans doute ce qui m’intéresse le plus dans la vie. Ce que je recherche dans le voyage, c’est la façon dont il enrichira l’après, plus que le voyage en lui-même. L’essentiel, pour moi, se joue dans le quotidien, dans l’ordinaire, et non dans sa suspension. »

Les Villes invisibles
7.7

Les Villes invisibles (1972)

(traduction Jean Thibaudeau)

Le città invisibili

Sortie : 1974 (France). Roman

livre de Italo Calvino

aaiiaao a mis 6/10 et a écrit une critique.

Annotation :

« Ayant pénétré sur le territoire qui a Eutropie pour capitale, le voyageur voit non pas une ville mais plusieurs, d’égale importance et toutes semblables, dispersées sur un vaste plateau ondulé. Eutropie, c’est non pas une mais l’ensemble de ces villes ; une seule est habitée, les autres sont vides ; et cela, à tour de rôle. Maintenant, je vais vous dire comment. Le jour où les habitants d’Eutropie se sentent accablés de fatigue, et que plus personne ne supporte son métier, ses parents, sa maison et sa vie, les dettes, les gens à saluer ou qui vous saluent, alors toute la population décide de déménager dans la ville voisine qui est là à attendre, toute vide et comme neuve, où chacun prendra un autre métier, une autre femme, verra en ouvrant sa fenêtre un autre paysage, passera ses soirées à d’autres passe-temps, amitiés, médisances. Ainsi la vie se renouvelle de déménagements en déménagements dans des villes qui se présentent chacune, par l’exposition, ou la pente du terrain, ou les cours d’eau, un peu différemment. La société étant organisée sans grandes différences de fortune ou d’autorité, les passages d’une fonction à une autre se font sans trop de heurts ; la variété est assurée par de multiples tâches, telles que dans l’espace d’une vie il est rare que l’on revienne à un métier qu’on a déjà fait.
Ainsi, la ville reprend sa vie toujours la même en se déplaçant vers le haut et le bas sur son échiquier vide. Les habitants recommencent à jouer les mêmes scènes dans des distributions nouvelles ; ils redisent les mêmes répliques avec des accents combinés autrement ; ils ouvrent grandes leurs bouches à tour de rôle en bâillements égaux. Seule de toutes les villes de l’empire, Eutropie perdure identique à elle-même. Mercure, dieu de l’inconstance, à qui la ville est consacrée, accomplit ce miracle ambigu. »

Americanah
7.9

Americanah (2013)

Sortie : 31 décembre 2014 (France). Roman

livre de Chimamanda Ngozi Adichie

aaiiaao a mis 7/10 et a écrit une critique.

Annotation :

« Quand j’ai débuté dans l’immobilier, je voulais réhabiliter de vieilles maisons au lieu de les démolir, mais cela n’avait pas de sens. Les Nigérians n’achètent pas une maison parce qu’elle est vieille. Une grange rénovée de deux cents ans, par exemple, le genre de choses qui plaît aux Européens, cela ne marche pas du tout ici. Mais il y a une raison : nous appartenons au tiers-monde et sommes par conséquent tournés vers l’avenir, nous aimons ce qui est nouveau, parce que le meilleur est encore devant nous, tandis que pour les Occidentaux le meilleur appartient au passé et c’est pourquoi ils ont le culte du passé. »

La Petite femelle
7.9

La Petite femelle (2015)

Sortie : 20 août 2015. Roman

livre de Philippe Jaenada

aaiiaao a mis 8/10, l'a mis dans ses coups de cœur et a écrit une critique.

Annotation :

« (Plus j’avance avec Pauline, et plus je réalise que les moindres actes d’une vie, anodins ou pas sur le moment, sont épinglés sur nous comme des poids de plomb, le jour où on déraille et où tous les regards se tournent vers nous - c’est ce qui s’est passé pour elle en tout cas, on a transformé et alourdi tout ce qu’elle a fait ; même quand c’était : rien. Je me demande, en regardant en arrière, ce qu’on épinglerait sur moi.) »

aaiiaao

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