Le maître et Marguerite et le diable et un magicien et un écrivain sans tête et un poète fou et...
Dire qu’il est difficile de donner son avis / décrire en quelques lignes / critiquer (appeler cela comme vous le voudrez) Le Maître et Marguerite est un euphémisme. Attaquer mon laïus de cette façon le prouve aisément.
Vous suivrez trois récits se déroulant à des époques différentes mais qui tous se rejoignent à la fin de l’ouvrage :
1 ) Le diable sous les traits d’un magicien noir accompagné de sa suite composée de Behemoth, un gros chat parlant et semeur de trouble, de son comparse Koroviev et du froid Azazelo. Ils débarquent dans le Moscou des années 30, semant folie et désolation sur leur passage. Faut dire que tomber de prime abord sur des gens qui ne croient pas en lui agace quelque-peu ce cher Satan. Non mais.
2 ) La rencontre entre Jésus (ici Yeshoua Ha-Nozri) et Ponce Pilate et la condamnation à mort décidée par le procurateur sur le Christ qui le marque profondément. Ponce Pilate est marqué. Enfin Jésus aussi, je n’en doute pas. La mise à mort de Yeshoua, son disciple Mathieu Lévi qui tente en vain de le sauver mais fait presque plus de mal que de bien et la fin tragique(différente de celle que l’on connait) du traître Judas de Carioth sont, non pas ré-inventées, mais adaptées selon le bon vouloir de Boulgakov bien que celui auquel il s’intéresse principalement et qui ne cesse de hanter les personnages et les pages du livre jusqu’à son terme reste Ponce Pilate.
3 ) La rencontre, l’histoire d’amour et la séparation du Maître et Marguerite qui donnent leurs noms à cette histoire et se déroulant durant l’année précédant l’arrivée de Satan et sa troupe dans la capitale moscovite.
Ça paraît un peu foutraque dit comme ça, et ça l’est bien un peu, mais cela n’est pas un reproche que je fais à l’œuvre car elle est si pleine de fantaisie, d’humour et de burlesque que tout ceci s’arrange impeccablement et s’imbrique parfaitement quand les trois récits finissent par se rejoindre. Traitant de religion, de l’absurdité du régime stalinien, de magie, des travers de l’homme, d’amour… en somme c’est une œuvre riche, qui peut parfois paraître complexe (quelques petites recherches annexes peuvent aider à sa compréhension) mais que j’ai trouvé d’une simplicité à lire désarmante, les pages s’enchaînant à une vitesse folle.
Entre la relecture et du Faust de Goethe et de l’Ancien testament, en partie (quand on en est à parler de chat qui joue aux échecs et de sorcière volant sur un bon gros pourceau, moi je dis qu’il n’est plus temps de se mettre des limites) se dresse une histoire foisonnante et si rythmée qu'on en voit parfaitement les images se faire dans notre tête comme un vrai film de cinéma. (cela ferait un long-métrage merveilleux mais difficilement adaptable, enfin je dis ça je dis rien : ça, rien).
Pour ceux qui voudraient s’y attaquer, je leur conseillerais peut-être l’édition annotée dont j’apprends l’existence grâce à la critique de Diothyme (http://www.senscritique.com/livre/Le_Maitre_et_Marguerite/critique/4968511 ) et qui m’aurait été utile pour comprendre les double-sens des noms de plusieurs personnages qui sinon ne sont accessibles qu’aux connaisseurs de la langue slave. Non pas que ce soit un frein à la compréhension du bouquin, mais un plus indéniable.
Niveau écriture, j’ai été agréablement surprise de noter la différence du style selon les récits. Rythmé, vif voir humoristique lorsque l’on suit le diable, il se fait classique pour compter l’histoire de Ponce Pilate et Yeshua et devient plus romantique quand il s’agit de décrire l’amour entre le Maître et Marguerite.
Cette critique est complètement décousue, un peu à l’image du livre, le talent en moins et je ne sais trop quoi vous dire pour vous donner envie ou pas de le lire... Si ce n’est déjà le cas, ne vous y risquez p’t’être pas, moi j’étais déjà convaincue en voyant la couverture et le nom de Boulgakov, alors si vous aimez les chats fourbes, les servantes nues et les procurateurs romains perclus de remords… Allez-y.
Voilà.