Stoner décrit la vie d'un homme entre 1910 et 1956 et appartient au genre dit "campus novel" (c'est-à-dire un roman décrivant le milieu universitaire). Contrairement aux romans de David Lodge, on ne lit pas Stoner pour rire. En fait, toute cette histoire est assez triste.
John Williams nous décrit-il les échecs successifs d'un homme, William Stoner ? On serait en droit de le penser tant sa vie familiale et même professionnelle s'avèrent largement décevantes.
Mais il m'est venu une idée. Nous sommes tous, ici-bas, confronté à un choix : vivre ou interposer un écran entre la vie et nous-mêmes. Pour la plupart des gens, vivre, c'est avoir une sociale, des amis, voyager.
Pour ceux qui choisissent l'autre voie, il y a la littérature, le cinéma, les séries, les jeux vidéos, la religion, etc.
Quelqu'un comme Gide avait conscience que les livres pouvaient éloigner les gens du monde et conseillait de s'en écarter quelques fois.
Je ne partage pas cette opinion. Vivre, dans la plénitude de l'existence, ne me convient pas.
Stoner a probablement compris que pour un homme tel que lui, il n'y a que ça à faire : lire, enseigner, faire de son bureau, des bibliothèques universitaires son lieu de vie. Quant aux choses du monde, il y est resté relativement indifférent, malgré quelques piètres tentatives.
Bien des choses m'ont plu dans ce roman : la relation désastreuse avec sa femme, le conflit l'opposant à Lomax (la meilleure partie du roman), la fin, son indifférence...
Un beau et triste roman, que je conseillerai autant aux gens s'intéressant au milieu universitaire qu'à ceux voulant se faire une idée de la nature possible de leurs pensées quand viendra l'heure de la mort.