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créée il y a presque 2 ans · modifiée il y a 10 joursDe humani corporis fabrica (2022)
1 h 55 min. Sortie : 11 janvier 2023. Science, Expérimental
Documentaire de Lucien Castaing-Taylor et Verena Paravel
Morrinson a mis 9/10, l'a mis dans ses coups de cœur et a écrit une critique.
Annotation :
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Mais pour le reste, on est servi. Au menu, des cœlioscopies principalement, mais aussi des opérations plus invasives, des analyses de lames histologiques, des préparations de tumeurs extraites. Attention, ça va mêler l'os et le métal dans un bain de liquides physiologiques. Beaucoup d'images correspondent aux caméras insérées par les chirurgiens à l'intérieur du corps : opération du cerveau à travers la boîte crânienne, déambulation dans la micro-vascularisation derrière la rétine, aventure dans le tube digestif et les intestins (difficile de dire s'il s'agit d'une coloscopie ou d'une endoscopie, je pencherais pour la première), récurage des corps caverneux dans un pénis en passant par l'urètre, césarienne filmée en full frontal, analyse d'une mastectomie totale suite à un cancer du sein, retrait intégral d'une prostate, et peut-être le plus impressionnant de tous les actes, le redressement d'une colonne vertébrale (je ne dis rien, mais sachez que ça fait intervenir beaucoup de métal au travers de vis et de barres).
Le geste avancé par les cinéastes consiste à se réapproprier ce que la médecine moderne a emprunté au cinéma (l'utilisation de caméras), pourquoi pas. Si les séquences en dehors des blocs opératoires sont d'un intérêt discutable, le pouvoir des images de l'intérieur des corps est immense — entre dégoût et fascination, difficile de se positionner tant certaines confinent à une abstraction organique triturée par la mécanique du matériel médical. 5 années pour collecter 350 heures de film, condensées en une hallucination organique de 2 heures. Et au milieu, seul moment éventuellement drôle, on entend un chirurgien lui-même perdu dans ces paysages sanguinolents : "ça commence à devenir abstrait, je suis un peu paumé", juste avant de voir surgir une énorme prostate à extraire.
Notre corps (2022)
2 h 49 min. Sortie : 4 octobre 2023. Société
Documentaire de Claire Simon
Morrinson a mis 9/10, l'a mis dans ses coups de cœur et a écrit une critique.
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… . C'est doux sur la forme tout en étant dur sur le fond, l'aperçu donné du contexte et des conditions est saisissant... Moment parfait, entrée en matière éloquente qui donne en réalité le ton des presque trois heures à suivre et qui ne faiblira pas un instant pour nous laisser abasourdi, de l'autre côté du docu, au terme d'un long échange entre une radiologue et une patiente âgée qui semble être arrivée au terme d'un long et éprouvant parcours de traitements chimiothérapiques. Ce n'est pas la séquence la plus originale du film mais malgré tout, si on n'a pas le cœur ébranlé par ce qu'on a pu capter de ce moment, on n'est probablement pas humain.
Claire Simon traverse les différents départements et construit de scène en scène un document d'une puissance incroyable, alternant entre l'intimité de certaines consultations et la stupéfaction de certains actes chirurgicaux. "Notre corps" déborde de patience, de soin, de respect, il brasse une diversité de cas qui n'a d'égal que leurs points de singularité, il aborde autant de séquences merveilleuses que de moments éprouvants, et il laisse la place à des événements indépendants du film lui-même — une manifestation pour dénoncer les violences sexuelles perpétrées par un gynécologue de l'hôpital, la révélation d'un cas de cancer du sein étendu chez la réalisatrice elle-même qui annihile complètement la distance au sujet en la projetant dans son propre matériau. On parle d'avortement, d'endométriose, de transition de genre, de maternité, de PMA, de cancer. On accouche, on écoute, on soigne, on discute. On réalise de nombreux actes techniques : on résèque des lésions liées à de l'endométriose au milieu du côlon, on ponctionne des ovocytes dans les follicules ovariens, on identifie les spermatozoïdes vivants et on réalise une fécondation in vitro... On peut difficilement faire plus impressionnant et fascinant en ce qui me concerne. Certaines questions posées lors d'entretiens médicaux sont le point de départ de bouleversements existentiels, parfois pour le meilleur, parfois pour le pire. Les réflexions qui s'imposent dans le registre de la transidentité à l'heure de la ménopause, y compris les réflexions au niveau biologique et physiologique sur le ratio des taux d'œstrogène et de testostérone, relève de thématiques nouvelles incroyables. ...
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Menus-Plaisirs - Les Troisgros (2023)
4 h. Sortie : 20 décembre 2023 (France). Portrait
Documentaire de Frederick Wiseman
Morrinson a mis 7/10 et a écrit une critique.
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La seconde, peut-être encore plus étonnante de la part de Wiseman, tient au processus d'auscultation caractéristique chez lui : on a l'impression que la virtuosité des compositions gastronomiques l'a quelque peu éloigné de l'observation et de la compréhension des mécanismes du restaurant étoilé, des relations hiérarchiques, de l'organisation, bref de tout ce qui fait habituellement le sel de ses productions. Ici les zones de rugosité ne sont pas inexistantes mais elles restent limitées à quelques passages parfaitement anecdotiques. L'ambiance qui règne en cuisine à l'air beaucoup plus conviviale que ce que l'on peut connaître habituellement dans ce genre de lieux où s'exerce souvent une certaine tyrannie plus ou moins poussée, mais on a malgré tout la sensation de passer à côté de quelque chose de non-négligeable.
Wiseman semble plus intéressé par d'autres récits qui se tissent en toile de fond, comme notamment l'histoire de la famille Troisgros avec le grand-père qui a développé une curiosité précoce (à l'échelle de la gastronomie française) pour la cuisine japonaise, et surtout le moment charnière auquel on assiste puisque les cuisines sont en plein transfert de responsabilités, du père vers le fils — une étape difficile pour les différentes parties, nous suggère-t-on de manière très diffuse. Les temps changent, la nouvelle génération orientera l'établissement dans une autre direction, c'est une certitude et on sent le patriarche heureux mais un peu désorienté à ce sujet. Mais ce qui focalise l'essentiel de l'attention relève de l'esthétique tant les assiettes apparaissent comme le réceptacle d'une profusion dingue de savoirs et de talents, avec non seulement le pouvoir créateur hallucinant des chefs (on entendra beaucoup parler d'une fameuse recette à base de rognons aux fruits de la passion) mais aussi une pléthore de gestes techniques délivrés dans les cuisines immenses, pour conditionner les légumes, préparer les aromatiques, cuire tous les ingrédients, ajuster les saveurs avant que tout ce travail ne se métamorphose en un plat final, point d'équilibre des textures, des couleurs, des formes, des parfums... Autour d'un artisan vieillissant se confectionne une vision de paradis gastronomique, rappelant que la bouffe, c'est la base.
The Contestant (2023)
1 h 30 min. Sortie : 2023 (Royaume-Uni). Portrait, Société
Documentaire de Clair Titley
Morrinson a mis 7/10, l'a mis dans ses coups de cœur et a écrit une critique.
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Ainsi, Nasubi a passé plus d'un an enfermé entre quatre murs et plongé dans le mensonge : on lui a fait croire qu'on le filmait pour une éventuelle rediffusion, si une chaîne daignait s'intéresser à un tel contenu, alors que des millions de téléspectateurs japonais suivaient ses déboires chaque semaine à la fin des années 1990. Une star nationale qui s'ignore. L'origine de l'emoji "aubergine" (dans sa connotation génitale) y est très vraisemblablement liée, puisque les producteurs ont utilisé un tel dessin pour dissimuler son pénis sur les images diffusées à la télévision — son visage particulier, très allongé, à la Fernandel, est à l'origine du choix du légume. Plus de 400 jours nu dans une pièce à remplir des formulaires, 400 jours à se réjouir de recevoir 5 kilos de riz (sans casserole pour le faire chauffer) par-ci et 10 paquets de nourriture pour chien par-là, 400 jours à attendre d'atteindre le seuil des un million de yens (6000 euros) pour mettre un terme au supplice. Avec en prime à la fin de cette première épreuve un faux espoir de sortie, un léger sadisme de la part de la production, et une sorte de reset du jeu avec modification des objectifs sans qu'il le sache. L'émission a même dû modifier son lieu de résidence (en bandant les yeux de Nasubi) après que des fans ont trouvé l'emplacement de l'appartement en question.
L'histoire est complètement délirante, et "The Contestant" laisse énormément de zones d'ombre ou de territoires socio-psychologiques inexplorés. On a la sensation que cette éternité d'enfermement se résume à des grimaces devant la caméra et une pilosité en croissance, en exagérant un peu. Avec un final sur l'Everest en 2016 un peu étrange, comme artificiel, ou du moins précipité. Mais dès qu'on prend un peu de recul, dès lors qu'on réalise le caractère véridique de ce "Truman Show pour de vrai", la cruauté abjecte de l'entreprise et de la pression exercée sur cet homme (alors qu'il ne semble pas prendre tout ça au sérieux initialement, ce qui est sans doute le plus fou puisque sa lucidité n'a pas pu évoluer positivement, dans un tel état) ne peut que provoquer un violent dégoût. Une poule aux œufs d'or de la téléréalité, avec pour épiphanie finale une livraison sur le plateau de l'émission devant des milliers de personnes, à poil, après avoir passé 15 mois dans la solitude la plus totale.
Le Garçon et le Héron (2023)
Kimitachi wa dô ikiru ka
2 h 04 min. Sortie : 1 novembre 2023 (France). Animation, Aventure, Drame
Long-métrage d'animation de Hayao Miyazaki
Morrinson a mis 7/10.
Annotation :
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S'il y a bien un dénominateur commun fortement exploité ici, c'est bien la plasticité de l'univers des rêves et sa capacité à réinventer, remodeler, rejouer le réel. C'est une trajectoire qui revient très souvent, le chemin rempli d'obstacles et de faux semblants qui permettra au protagoniste de trouver une solution, une nouvelle configuration pour accepter la réalité. C'est en revanche une des fins les plus sobres, les plus posées, qui nous éloigne très soudainement de la collision des mondes qui a précédé, et qui rejoint une certaine célérité dans la progression à travers les différents lieux pourtant complexes — mon seul vrai regret. Un dernier mouvement qui décrit l'effondrement d'un imaginaire et un déchirement avec une grande éloquence.
Reptile (2023)
2 h 14 min. Sortie : 29 septembre 2023. Policier, Drame, Thriller
Film de Grant Singer
Morrinson a mis 6/10, l'a mis dans ses coups de cœur et a écrit une critique.
Annotation :
↑
... Des moments surréalistes surgissent lorsque les patientes ne parlent pas français (les échanges en anglais ou en espagnol atteignent un registre presque burlesque, par traducteur informatique — approximatif — interposé, en contraste total avec la gravité de la situation et des informations partagées), d'autres deviennent intensément poignants dès lors que des pans entiers d'expérience sexuelle malmenée sur des années se révèlent, mêlant douleur, libido, et sentiment amoureux. Des vies intimes qui défilent, entre témoignages hétéroclites et pratiques médicales coordonnées, en leur accordant tout le temps et l'empathie qu'elles nécessitent.
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Et il faut avouer que dans mon visionnage, c'est Benicio del Toro le flic qui a bouffé toute l'attention, écrasant allègrement le personnage de Justin Timberlake (très bien dans le rôle, mais un peu faiblard en fils d'une femme à la tête d'un puissant empire immobilier) et celui de Michael Pitt (pourtant particulièrement gratiné, un peu trop à mon goût dans le registre "je suis le voisin destroy, un super suspect"). Son rapport avec sa femme, Alicia Silverstone, est également bien écrit et pas du tout laissé en marge au-delà du simple fait que cette dernière est liée à l'équipe de son mari constituée d'enquêteurs. Car c'est aussi un film sur un flic dont les frontières vacillent, qui se pose beaucoup de questions sur sa femme, sur son boulot, sur son intégrité. Un flic qui prend conscience de certaines illusions, et qui prend des coups. À ce titre le travail au niveau de l'ambiance sonore pourra déplaire à certains par sa prédominance, mais j'ai personnellement beaucoup aimé l'immersion provoquée et la sensation de malaise occasionné par certaines dissonances. C'est en réalité à l'image du reste : un peu trop démonstratif par moments, comme beaucoup de premiers films qui veulent laisser une empreinte, mais suffisamment fluide et satisfaisant dans la mise en scène pour produire un portrait désenchanté captivant, sans toutefois prétendre révolutionner le genre.
Chien de la casse (2022)
1 h 33 min. Sortie : 19 avril 2023. Comédie dramatique
Film de Jean-Baptiste Durand
Morrinson a mis 6/10.
Yannick (2023)
1 h 07 min. Sortie : 2 août 2023. Comédie
Film de Quentin Dupieux (Mr. Oizo)
Morrinson a mis 6/10.
Anatomie d'une chute (2023)
2 h 30 min. Sortie : 23 août 2023. Drame, Policier, Thriller
Film de Justine Triet
Morrinson a mis 6/10.
Le Procès Goldman (2023)
1 h 56 min. Sortie : 27 septembre 2023. Drame, Historique, Policier
Film de Cédric Kahn
Morrinson a mis 6/10.
American Fiction (2023)
1 h 57 min. Sortie : 26 février 2024 (France). Comédie dramatique
Film de Cord Jefferson
Morrinson a mis 6/10 et a écrit une critique.
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Ce n'est pas vraiment un hasard si une scène de "American Fiction" (celle où le prof noir est congédié par sa direction pour avoir choqué une étudiante blanche après avoir écrit au tableau le mot "nigger") ressemble beaucoup à une dans "Tár" (celle où un étudiant de la cheffe d’orchestre se prenait une réplique cinglante concernant son émoi : "Don't be so eager to be offended. The narcissism of small differences leads to the most boring kind of conformity"). Ici l'adversaire que se fixe le héros est une autrice noire comme lui mais évoluant plutôt du côté des romans commerciaux à destination d'un public blanc désireux de caresse sa bonne conscience dans le sens du poil — du moins jusqu'à ce que le hasard le fasse se retrouver dans un jury commun et qu'il apprenne à connaître cette personne. Dommage qu'un pan entier du film soit consacré aux drames familiaux comme ressort mélodramatique classique, car "American Fiction" n'est jamais aussi pertinent que lorsqu'il exhibe les contradictions de l'Amérique contemporaine : on préfère le confort de la fiction de la part d'auteurs noirs que la confrontation avec la réalité sociale.
A Thousand and One (2023)
1 h 56 min. Sortie : 30 novembre 2023 (France). Drame, Policier
Film de A.V. Rockwell
Morrinson a mis 6/10 et a écrit une critique.
Squaring the Circle: The Story of Hipgnosis (2022)
1 h 41 min. Sortie : 14 juillet 2023 (Royaume-Uni). Art, Portrait
Documentaire de Anton Corbijn
Morrinson a mis 6/10 et a écrit une critique.
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Anton Corbijn montre bien comment les personnes derrière Hipgnosis faisaient partie intégrante de l'univers pour lequel le studio travaillait, offrant par là-même un parallèle évident avec son propre travail de photographe rock ou de créateur de vidéo. C'est sans doute Noel Gallagher qui résume le mieux l'ensemble (sans que j'y souscrive entièrement) : "They represent the golden age of the music business, where people believed that music was art and it could change the world. Whereas now music is a commodity".
L'Innocence (2023)
Kaibutsu
2 h 06 min. Sortie : 27 décembre 2023 (France). Drame, Thriller
Film de Hirokazu Kore-eda
Morrinson a mis 6/10.
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Plus anecdotiquement, ce sera la dernière composition de feu Ryuichi Sakamoto, décédé en mars 2023, faisant de cette OST un adieu assez émouvant, sans doute trop par moments (mais ça, c'est si je laisse ma cervelle prendre le dessus). On peut tout aussi bien ne retenir que les différentes figures successives du monstre, comme autant de reflets des angoisses sociales contemporaines. Le reste n'est que digression, entre l'incendie initial et la tempête finale scellant le climax du film et faisant éclater les faux-semblants. J'aurais bien aimé voir davantage creusés les dilemmes évoqués dans le film, que ce soit la difficulté de la mère à communiquer avec son fils, ou encore les compromissions au sein de l'administration scolaire.
May December (2023)
1 h 57 min. Sortie : 24 janvier 2024 (France). Comédie dramatique
Film de Todd Haynes
Morrinson a mis 6/10.
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Les sujets semblent presque infinis. Il y a le regard sur la méthode pour s'emparer / illustrer une réalité à l'intérieur du film, qui pourrait avoir une composante vaguement documentaire sur le travail d'interprétation. Le recul que l'on est contraint d'adopter face à cette histoire vraie, celle de Mary Kay Letourneau, une professeur de mathématiques américaine emprisonnée de 1997 à 2004 pour avoir eu des relations sexuelles avec Vili Fualaau, l'un de ses élèves, gros scandale aux États-Unis à l'époque. Le doute qui persiste sur la nature de leur relation, puisqu'ils sont encore ensemble aujourd'hui c'est qu'ils s'aiment vraiment, mais manifestement Joe ne semble pas totalement épanoui (une succession de rapports père-fille et mère-fils rythment le film). La configuration de cet homme, figé dans une éternelle adolescence qu'il ne semble jamais avoir eue. Cet acte qualifié de prédation commis par une adulte, que l'on perçoit de très loin, opposé à la situation actuelle, où la personne en question a purgé sa peine. Et finalement la réflexion sur la manière de restituer de tels faits, au creux d'une mise en abyme. Les ressources semblent quasiment infinies.
Là où l'image des chrysalides sont poussives, la musique reconditionnée de Michel Legrand (issue de "The Go-Between" pour les uns et "Faites entrer l'accusé" pour les autres) fait son petit effet pour accompagner le mouvement de Portman qui cherche à se fondre en Moore, un numéro d'actrices bien balisé qui rappelle un autre film de Haynes, "Carol". Le sujet de la dépossession de la jeunesse de Joe, qu'il réalisé au moment où ses propres enfants quittent le cocon familial, ainsi que l'impossibilité de déchiffrer cette figure féminine (simulacre d'être humain ou grande manipulatrice), constituent deux mamelles d'un film (rappelant celui moins réussi de Catherine Breillat, "L’Été dernier") doté d'un potentiel à mon sens pas totalement exploité.
Mars Express (2023)
1 h 29 min. Sortie : 22 novembre 2023. Animation, Science-fiction
Long-métrage d'animation de Jérémie Périn
Morrinson a mis 6/10 et a écrit une critique.
Annotation :
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"Mars Express" trouve un équilibre plutôt bien senti en termes d'explicitation des différentes particularités, l'action baigne dans un arrière-plan garni de détails foisonnants mais l'ensemble est suffisamment intelligible pour ne pas nécessiter des tunnels de dialogues explicatifs (du moins pas systématiquement). L'enquête menée par la détective privée (Léa Drucker, ça passe pas trop mal) et son partenaire androïde se révèle par touches successives, tout comme le passif des deux protagonistes. Il y a une étudiante en cybernétique qui disparaît mystérieusement, une cité martienne futuriste comme apogée de l'utopie technique libertarienne (avec un personnage qui pourrait être le Musk de demain), mais aussi des points de singularité plus saillants (la gestion des résurrections, les magouilles d'une grande corporation, les fermes à cerveaux) qui s'alignent peu à peu vers le final et ce grand programme de "takeover" unissant la classe des robots. La métaphore du racisme n'est ni originale ni extrêmement percutante, mais elle n'est pas une fin en soi ici et laisse le film évoluer vers sa conclusion en maintenant un niveau d'intérêt vraiment très honorable.
Vincent doit mourir (2023)
1 h 48 min. Sortie : 15 novembre 2023. Fantastique, Comédie dramatique
Film de Stéphan Castang
Morrinson a mis 6/10.
Les Herbes sèches (2023)
Kuru Otlar Üstüne
3 h 17 min. Sortie : 12 juillet 2023 (France). Drame
Film de Nuri Bilge Ceylan
Morrinson a mis 6/10.
Annotation :
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… le fait que ce pourrait bien être lui, cette herbe sèche qui est passé de l'hiver tétanisant à l'été asséché.
Je regrette quand même la lourdeur de certaines séquences, de trop gros morceaux pour moi, à l'instar de cette discussion qui l'oppose à Nuray qui se voit agrémentée d'une cassure du quatrième mur que je trouve particulièrement gratuite et inutile (si tant est que l'effet recherché soit bien "hey, n'oubliez pas, c'est du cinéma"). J'ai l'intime conviction qu'il y aurait eu moyen d'expurger le film de grosses quantités de pellicule inutile tout en affirmant encore davantage cette sensation de doute que l'on éprouve au sujet du protagoniste, gros salaud cynique, jaloux et manipulateur, ou bien juste un être paralysé par son amertume et par son inaction.
Une nuit (2023)
1 h 32 min. Sortie : 5 juillet 2023. Romance, Drame
Film de Alex Lutz
Morrinson a mis 6/10 et a écrit une critique.
Annotation :
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J'ai du mal à voir la révélation finale comme quelque chose qui enrichit "Une nuit", au contraire j'ai la sensation qu'elle alourdit considérablement l'histoire, avec une charge sentimentale bien trop pachydermique — l'idée n'est pas mauvaise, mais j'aurais infiniment préféré une alternative plus orientée vers la suggestion. En revanche, indépendamment de ces considérations, Lutz et Viard évoluent dans une alchimie très réussie (référence à un dialogue du film à ce sujet, et à quelques expressions exhibant une poésie moisie qui les font marrer à tour de rôle) tout en donnant bien l'impression que la parenthèse enchantée peut voler en éclats d'une minute à l'autre. Cela pourrait être pour les raisons initiales avancées, deux inconnus qui se rencontrent par hasard et qui seront amenés à se séparer quelques heures plus tard, façon "Before Sunrise", mais en réalité on est plus proche du déchirement de la séparation à la "Brief Encounter" de David Lean.
On peut imaginer qu'avec un peu moins d'impro (ou alors avec de l'impro mieux gérée), en évacuant les zones de flottement qui rendent poussifs certains échanges et en supprimant les effets ampoulés (l'arrivée du cheval, les violons tristes, etc), "Une nuit" aurait pu être davantage réussi. En l'état, difficile de réprimer la sensation qu'une fois passée une première partie agréable, les promesses ne sont pas tenues et le film de s'enfermer dans une impasse en intensité décroissante. Pourtant Lutz est toujours aussi intéressant comme personnage, l'originalité de son style et de ce qu'il dégage en font quelqu'un de très attachant, et le film brille par ces moments de complicité fugace avec Viard, dont on ne comprend pas tout de suite la raison. Certains passages sont un peu bas du front dans l'idéalisme pour illustrer un thème (par exemple, la liberté en partant d'un resto sans payer), là où d'autres sont franchement singuliers (le club échangiste). Mais quelle que soit la fin, la balade nocturne avance comme une capsule déconnectée du réel, hors du temps, où l'on expose les vulnérabilités de la quarantaine tout en faisant mime de porter un masque.
Pianoforte (2023)
1 h 38 min. Sortie : 2023 (Pologne). Art, Société
Documentaire de Jakub Piatek
Morrinson a mis 6/10 et a écrit une critique.
Blue Jean (2022)
1 h 37 min. Sortie : 19 avril 2023 (France). Drame
Film de Georgia Oakley
Morrinson a mis 6/10.
Le Ravissement (2023)
1 h 37 min. Sortie : 11 octobre 2023. Drame
Film de Iris Kaltenbäck
Morrinson a mis 6/10.
La Jeune Fille et les paysans (2024)
Chlopi
1 h 54 min. Sortie : 20 mars 2024. Animation, Drame, Romance
Long-métrage d'animation de Dorota Kobiela et Hugh Welchman
Morrinson a mis 6/10 et a écrit une critique.
Annotation :
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Quelques scènes sont incroyablement hypnotisantes, comme par exemple celle des danses traditionnelles le jour du mariage qui interpelle vigoureusement autant par la menace qui enfle soudainement autour de la jeune femme que par la dimension esthétique captivante qui illustre le travail des quelque 150 artistes (chaque image est peinte à la main) qui ont travaillé sur le projet. Ces tableaux accompagnent agréablement la tragédie presque shakespearienne qui se noue dans cette campagne paysanne polonaise, à mesure que la jalousie et la haine des uns et des autres se développent, comme inéluctablement, avec pour point de chute une séquence finale particulièrement difficile. Très belle image finale, à ce titre, d'un corps nu lavé par la pluie au milieu des champs.
Mon ami robot (2023)
Robot Dreams
1 h 42 min. Sortie : 27 décembre 2023 (France). Animation, Comédie dramatique, Jeunesse
Long-métrage d'animation de Pablo Berger
Morrinson a mis 6/10 et a écrit une critique.
Nomades du nucléaire (2023)
1 h 13 min. Sortie : 2023 (Allemagne).
Documentaire de Kilian Armando Friedrich et Tizian Stromp Zargari
Morrinson a mis 6/10.
Paysans du ciel à la terre (2023)
1 h 25 min. Sortie : 11 mars 2023 (France). Écologie
Documentaire de Hervé Payen
Morrinson a mis 6/10.
The Killer (2023)
1 h 58 min. Sortie : 10 novembre 2023 (France). Thriller, Drame, Policier
Film de David Fincher
Morrinson a mis 5/10 et a écrit une critique.
Annotation :
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Finalement, "The Killer" est une observation d'une perturbation, l'erreur initiale qui s'immisce tel un grain de sable dans les rouages, à l'origine d'une vengeance à travers le monde qui prend une ampleur de plus en plus importante. Fincher oblige, on peut y lire un essai sur notre contemporanéité au travers du contrôle de nos vies pas un système ultra-connecté (des checkpoints réguliers, des badges incessants, des caméras de surveillance) qui aurait mérité d'être plus développé. Quelques séquences bien foutues rythment l'ensemble, on se rappellera l'utilisation du cloueur et la grosse baston avec Sala Baker, et dans l'ensemble une histoire portée par Fassbender souvent captivant, même s'il file vers un épilogue un peu mou et facile sur une désillusion peu amère et une déchéance consentie.
Fingernails (2023)
1 h 53 min. Sortie : 3 novembre 2023. Drame, Romance, Science-fiction
Film de Christos Nikou
Morrinson a mis 5/10 et a écrit une critique.
Winter Break (2023)
The Holdovers
2 h 13 min. Sortie : 13 décembre 2023 (France). Comédie dramatique
Film de Alexander Payne
Morrinson a mis 5/10 et a écrit une critique.
Annotation :
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Le trio improbable trouvera dans leur cohabitation forcée une sorte de havre de paix pour se reconstruire, un peu, et en apprendre un peu plus sur les autres, aussi. Beaucoup de sarcasmes dans cette ambiance froide et douce-amère, parfois à la limite de la mièvrerie. Le lien qui se crée entre le prof et l'élève est assez touchant, sur les thèmes du deuil, de la dépression, et de la solitude, jusque dans leur séparation.
Reality (2022)
1 h 22 min. Sortie : 16 août 2023 (France). Drame, Thriller
Film de Tina Satter
Morrinson a mis 5/10.