Les meilleurs films de 2014 selon Jack L'Eventreur

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Pamphlet contre L'Autocratie de Poutine,Zviaguintsev dénonce par l'absurde un régime politique gangréné par la mainmise oligarchique digne de l'époque soviétique Stalinienne et livre un récit métaphorique implacable contre l'hypocrisie religieuse

.A travers le sort de Kolia se dessine le visage d'une nation ou l'individu est envisagé comme une entrave à l’intérêt général et doit être exclu du système collectiviste économique,héritage d'une longue tradition du Communisme.La propriété privée,la famille non pas une et indivisible soudée derrière Le Parti mais comme la somme de plusieurs consciences éparses,la justice parodie de procès équitable car organisée selon la puissance et la richesse du condamnable,Le Christianisme érigée en rempart moral fallacieux pour se dédouaner de toute faute inavouable sont quelques uns des éléments dont se sert avec beaucoup d'intelligence le réalisateur pour vilipender cette déliquescence sociale et idéologique.En cela,il fait preuve d'un geste cinématographique militant!

Et la force de sa mise en scène rend compte du total isolement de ses personnages,perdus dans une immensité déserte jonché de cadavres géants cadrés avec un souci du détail assez impressionnant.Les interprètes ne sont pas en reste,loin de la,et transmettent leur désabusement avec beaucoup de finesse.Jouant habilement avec les clichés,le cinéaste fait preuve d'un humour étonnant pour un film de ce genre et n'hésite pas à filmer des joutes oratoires alcoolisées invraisemblables,si bien que l'on ne sait plus trop à quel saint se vouer,tantôt accablé par ce laisser-aller destructeur,tantôt interloqué par cette déperdition et souvent amusés et compréhensifs.Une belle claque,pour peu qu'on se laisse porter entièrement par cette magistrale leçon de cinéma!

Annotation :

Le cinéma de l'europe de l'est de ces dernières années semble en exellente santé et ne cesse de nous surprendre par sa force et sa vitalité. Qu'il s'agisse de la Roumanie(Christian Mungiu,Christi Piu......), de la Pologne(Pawel Pawlikowski,Jerzi Skolimowski......) ou de la Bulgarie(Konstantin Bojanov.....) pour n'évoquer que les cas les plus récents, sa production fait de plus en plus parler d'elle et glane de nombreux succés dans le monde. Si cela demeure une très bonne nouvelle pour le 7ème art, on ne peut malheureusement pas en dire autant pour la pérénité intérieure des pays concernés.

Annotation :

Cette relecture du mythe Pasolini, imparfaite mais néanmoins subtile, ne sera surement pas du gout de ses admirateurs mais peut tout à fait convenir à qui n'est pas familier de son univers dérangeant. On y suit la lente agonie d'un artiste révolutionnaire épris de liberté, conscient d'un déclin inéluctable de son pays natal alors en plein revirement idéologique fasciste. Révolté de la première heure, il se veut l'ultime rempart d'un consumérisme indécent et n'hésite pas à brocarder les nombreuses tares de sa patrie à travers sa filmographie et ses nombreux écrits. Le meilleur parti du film est de figurer ce lent délitement moral à travers la figure titubante du cinéaste, le destin de l'une étant intimement liée à la carrière de l'autre. Tandis que la péninsule se
ravage par ses nombreux assassinats politiques; s'enlisant dans ses sanglantes revendications radicales des Brigades Rouges à l’orée d'une décennie particulièrement meurtrière pour L'Europe, il semble provoquer son funeste horizon en se laissant porter par sa dangereuse mélancolie et en perd sa vigilance nécessaire. Les longs lamentos baroques parsemant le film crient la douleur de sa perdition. Si l'éclatement du récit entre l'action réelle que vivent les personnages et le fantasme littéraire que fait subir Pasolini à ses êtres fictifs n'est pas toujours clair et convainc moyennement, la composition qu'en fait William Dafoe sublime le parti pris de Ferrara et compense sa maladresse. L'imagerie homosexuelle étale un peu trop facilement la provocation par la répétition et l'étirement évitable de certaines scènes et la fin étouffera les puristes du génie mais la contextualisation de l'époque est plutôt bien sentie(homophobie, fin du communisme, Rome décadente.....) et la réalisation sobre, en accord le style des 70's, rend un bel hommage au visionnaire.