Lu en 2018
1. João Guimarães Rosa, Diadorim
2. Robert Musil, L'Homme sans qualités, t. 2
3. Günter Grass, Le Tambour
4. Thomas Bernhard, Extinction
5. Virginia Woolf, The Waves
118 livres
créée il y a presque 7 ans · modifiée il y a environ 5 ansLe Middle Ground
Indiens, Empires et Républiques dans la région des Grands Lacs, 1650-1815
Sortie : 2009 (France). Essai
livre de Richard White (II)
Venantius a mis 9/10 et a écrit une critique.
Annotation :
« All the Indian nations are very Jealous of the English, they see you have a great many forts in this Country, and you are not so kind to them as they expected. The French were very Generous to the Indians and always gave them Cloathing, and Powder and Lead In Plenty, but you don't do that Brothers, and that is what makes the Indians so uneasey in their minds. » (rapporté par Croghan à Bouquet)
Ma France
Sortie : 10 avril 2015 (France). Essai
livre de Peter Sloterdijk
Venantius a mis 6/10.
Annotation :
Les “feux de l’envie” […], la société de consommation les a mis à son service et les a connectés pour en faire des cercles d’énergie analogues à ceux d’une centrale électrique. De ce point de vue, les sociétés modernes constituent des réacteurs de jalousie intégrés ou des centrales d’envies intégrées au marché, qui doivent constamment venir à bout de la mission consistant à juguler le potentiel d’humiliation et de haine qu’elles attisent par la publicité sans précédent qu’elles donnent à l’ambition et à l’appétence. […]
Dans la perspective macrohistorique, le monde moderne offre le spectacle singulier d’une culture qui repose sur le couplage entre la jalousie déchaînée des masses et une production sans limites de biens de consommation.
Le Cavalier suédois (1936)
(traduction Martine Keyzer)
Der schwedische Reiter
Sortie : 1987 (France). Roman
livre de Leo Perutz
Venantius a mis 6/10 et a écrit une critique.
Annotation :
Mais parfois, lorsque le Cavalier suédois chevauchait à travers champs et mesurant du regard l’étendue de ses terres, une ombre passait sur son âme, tel le vent froid de la nuit : il avait le sentiment que ce qu’il nommait son bien, les champs, les pâtures, les prairies où les bouleaux jetaient leur note claire, les blés qui levaient, la rivière serpentant à travers les herbages et, là-bas, la maison, le domaine, la femme qu’il aimait et l’enfant pour lequel il tremblait, tout cela ne lui appartenait pas en propre : on le lui avait confié pour un temps… et il devrait le rendre.
Des souris et des hommes (1937)
(traduction Maurice-Edgar Coindreau)
Of Mice and Men
Sortie : 1939 (France). Roman
livre de John Steinbeck
Venantius a mis 8/10.
Annotation :
“Guys like us, that work on ranches, are the loneliest guys in the world. They got no family. They don't belong no place. They come to a ranch an’ work up a stake and then they go inta town and blow their stake, and the first thing you know they’re poundin’ their tail on some other ranch. They ain’t got nothing to look ahead to. […] With us it ain't like that. We got a future. We got somebody to talk to that gives a damn about us. We don't have to sit in no bar room blowin' in our jack jus' because we got no place else to go. If them other guys gets in jail they can rot for all anybody gives a damn. But not us.”
Les Choses de la vie (1967)
Sortie : 1967 (France). Roman
livre de Paul Guimard
Venantius a mis 6/10 et a écrit une critique.
Annotation :
C'est Bob qui m'avait appris à capturer les animaux à fourrure. La meilleure époque se situait à la saison des premières neiges. Nous chassions côte à côte. Bob connaissait mieux que personne les mœurs des petits félins et la façon de les prendre.
Je ne retrouverai jamais le goût de ces matinées glorieuses. Bob savait choisir la bonne place pour l’affût, près du fleuve, là où les grands arbres abritent le chasseur et sont assez clairsemés pour laisser voir le gibier de loin. Nous procédions avec nonchalance. On laissait passer un ou deux lapins blancs indignes de figurer au tableau. On attendait de relever la piste d'une loutre de l'Hudson ou d'un renard gris. Bob m’avait enseigné que les bêtes à fourrure ont, à des nuances près, des comportements semblables mais toutes des dents aiguës et des griffes rapides. Pourtant nous refusions la vulgarité des armes et des pièges. C’était une chasse royale, à main nue. Le gibier reconnu, il s'agissait de l’encercler sans hâte pour ne pas l'effrayer, de le diriger en douceur, par des manœuvres souples vers une zone découverte où il ne trouverait pas de quoi se terrer. La suite était affaire de patience. Le danger, nous n’y songions pas, trop attentifs au plaisir de la traque. Cela devait fatalement mal finir. Cela finit mal ce jour-là de l'hiver 1939 où la saison de chasse avait été somptueuse. Nous avions pris l'affût à notre place favorite, derrière le Palais de Glace. Un soleil givré se dégageait péniblement des vapeurs du matin.
La Mélancolie de la résistance (1989)
Az ellenállás melankóliája
Sortie : 2006 (France). Roman
livre de László Krasznahorkai
Venantius a mis 8/10 et a écrit une critique.
Annotation :
À l’arrière-plan de cette offensive générale coordonnée, simultanément à l’attaque portée contre les muscles et le sang, les ennemis internes du royaume, autrefois admirable mais désormais sans défense, de l'organisme se révoltèrent à l’instant même du décès et en anéantissant tous les obstacles qui se trouvaient sur leur passage, ces “révolutionnaires de palais” se mutinèrent contre l'ordre établi, jadis si merveilleusement bien rodé, des hydrates de carbone, graisses, s'acharnant particulièrement contre les protéines. Les troupes étaient composées de ferments tissulaires, l’action quant à elle portait le nom d’autodigestion post mortem, mais il va de soi que derrière cette désignation scientifique se cachait une horrible réalité, car il eût été plus juste de parler ici de “rébellion du personnel domestique”. De perfides domestiques, qu’il fallait déjà auparavant, lorsque la vie battait son plein dans la citadelle, brider par un vaste système d’inhibiteurs, car si leur rôle se limitait à décomposer et à préparer les éléments nutritifs entreposés dans les greniers de l’empire, il fallait une surveillance stricte et permanente pour les empêcher d’attaquer le régime qu’ils étaient censés servir.
Mensonge romantique et vérité romanesque
Sortie : 1961 (France). Essai, Littérature & linguistique
livre de René Girard
Venantius a mis 7/10 et a écrit une critique.
Annotation :
Dans le monde de demain, affirment les faux prophètes, les hommes seront des dieux les uns pour les autres. Ce sont toujours les plus aveugles, parmi les personnages dostoïevskiens, qui nous apportent ce message ambigu. Les malheureux s’exaltent à la pensée d'une immense fraternité. Ils ne saisissent pas l'ironie de leur propre formule. Ils croient annoncer le paradis mais c’est de l’enfer qu’ils parlent, l’enfer dans lequel ils sont eux-mêmes en train de s’enfoncer.
Les Vagues (1931)
(traduction Marguerite Yourcenar)
The Waves
Sortie : 1937 (France). Roman
livre de Virginia Woolf
Venantius a mis 9/10 et a écrit une critique.
Annotation :
Now I will walk, as if I had an end in view, across the room, to the balcony under the awning. I see the sky, softly feathered with its sudden effulgence of moon. I also see the railings of the square, and two people without faces, leaning like statues against the sky. There is, then, a world immune from change. When I have passed through this drawing-room flickering with tongues that cut me like knives, making me stammer, making me lie, I find faces rid of features, robed in beauty. The lovers crouch under the plane tree. The policeman stands sentinel at the corner. A man passes. There is, then, a world immune from change. But I am not composed enough, standing on tiptoe on the verge of fire, still scorched by the hot breath, afraid of the door opening and the leap of the tiger, to make even one sentence. What I say is perpetually contradicted. Each time the door opens I am interrupted. I am not yet twenty-one. I am to be broken. I am to be derided all my life. I am to be cast up and down among these men and women, with their twitching faces, with their lying tongues, like a cork on a rough sea. Like a ribbon of weed I am flung far every time the door opens. I am the foam that sweeps and fills the uttermost rims of the rocks with whiteness; I am also a girl, here in this room.
1715
Sortie : 20 novembre 2014 (France).
livre de Thierry Sarmant
Venantius a mis 8/10.
Annotation :
« Mais supposé qu’il y eût quelque difficulté là-dedans et qu’il en dût coûter beaucoup plus qu’on ne peut prévoir ici, y a-t-il quelque chose dans le monde de plus utile, de plus glorieux et de plus digne d’un grand Roi que de donner commencement à de grandes monarchies, et les mettre en état de s’accroître et de s’agrandir en fort peu de temps de leur propre cru, jusqu’au point d’égaler, voire de surpasser un jour le vieux Royaume […] il se pourrait très bien sans miracle que 240 ans après, c’est-à-dire vers l’an 1970, il s’y trouverait plus de monde en Canada qu’il n’y a jamais eu dans toutes les Gaules, qui étaient d’une bien plus grande étendue que la France ne l’est aujourd’hui » (Vauban, in Mémoire concernant la course)
Les Boutiques de cannelle (1933)
Sklepy Cynamonowe
Sortie : 1992 (France). Recueil de nouvelles
livre de Bruno Schulz
Venantius a mis 8/10 et a écrit une critique.
Annotation :
De la pénombre du corridor on pénétrait de plain-pied dans le bain du soleil du grand jour. Les passants barbotant dans l’or fermaient à demi leurs paupières qui semblaient engluées de miel, et leur babine supérieure retroussée découvrait les dents et les gencives. Ils avaient tous cette grimace de chaleur au visage, comme si le soleil leur avait imposé un masque de fraternité solaire, et tous ceux qui se croisaient dans les rues, jeunes et vieux, femmes et enfants, se saluaient au passage de ce masque barbare, insigne d’un culte bachique peinturluré à grands traits d’or sur leurs visages.
Diadorim (1956)
(traduction Maryvonne Lapouge-Pettorelli)
Grande Sertão: Veredas
Sortie : 1991 (France). Roman
livre de João Guimarães Rosa
Venantius a mis 10/10 et a écrit une critique.
Annotation :
Nous montâmes droit en direction de la Fontaine-aux-Femmes, et nous tombâmes sur la première vereda — séparant les plateaux — : le /fou-ou-ou/ du vent accroché dans les buritis, pris en écharpe avec la claire-voie des plus hautes palmes ; et les frondaisons de sassafras — avec un parfum comme celle de la lavande, qui rafraîchit ; et des eaux qui baignent sans cesse. Un vent qui souffle de toute part. Cet air qui me fouettait le corps me parla avec des cris de liberté. Mais la liberté — je parie — n’est encore que la joie d’un pauvre petit chemin, frayant entre les grilles des énormes prisons. Il y a une vérité qu’il faudrait apprendre, gardée secrète, et que jamais personne n’enseigne : la venelle pour que la liberté advienne. Je suis un homme ignorant. Mais, dites-moi : la vie n’est-ce pas une chose terrible ?
Les Chutes de Slunj (1963)
Die Wasserfälle von Slunj
Sortie : 1987 (France). Roman
livre de Heimito von Doderer
Venantius a mis 7/10.
Annotation :
Nous imaginons que la partie ne sera sérieuse qu’une fois que nous serons adultes, et que les points obtenus avant ne seront pour ainsi dire par pris en compte. Mais qui donc est adulte ? Celui qui ne se laisse pas abuser par lui-même, pourrait-on répondre. Interrogées avec précision sur le sujet, même des personnes d’un certain âge seraient obligées de constater que leur âge adulte date d’avant-hier. Le compte des points n’attend pas jusque-là. Au contraire, on dirait que jusqu’à la dix-septième ou dix-huitième année celui-ci se fait avec une grande précision et qu’ensuite on est plus négligent ou libéral pour compter. Jusqu’à quinze ans rien ne se perd et tout est resservi plus tard au point près. Ainsi à cette époque c’était déjà la vraie vie, tracée pour ainsi dire à grands traits. Plus tard, tout n’est que barbouillage et gribouillage. On pourrait joliment vexer ceux qui croient de façon effrénée à la seule validité de leur vie “adulte” et leur donner l’occasion d’élever de violentes et franches protestations si on leur disait qu’à quinze ans tout est déjà décidé et que ce qui suit n’est que l’exécution désordonnée, sinon la répétition douteuse et confuse, d’un projet primitivement net et précis.
Fragments d'un discours amoureux (1977)
Sortie : 1977 (France). Essai
livre de Roland Barthes
Venantius a mis 7/10.
Annotation :
Werther veut se caser […]. Il veut entrer en système (“casé”, en italien, se dit sistemato). Car le système est un ensemble où tout le monde a sa place (même si elle n’est pas bonne) : les époux, les trios, les marginaux eux-mêmes (drogue, drague), bien logés dans leur marginalité : tout le monde sauf moi. (Jeu : il y avait autant de chaises que d’enfants, moins une ; pendant que les enfants tournaient, une dame tapait sur un piano ; quand elle s’arrêtait, chacun se précipitait sur une chaise et s’asseyait, sauf le moins habile, le moins brutal ou le moins chanceux, qui restait debout, bête, de trop : l’amoureux.)
Les Cercueils de zinc (1990)
Cinkovye mal′čik
Sortie : juin 2006 (France). Roman, Document
livre de Svetlana Alexievitch
Venantius a mis 7/10.
Annotation :
La vérité, seul un désespéré vous la racontera tout entière. Un désespéré absolu vous racontera tout. La vérité est trop effrayante, on ne la saura jamais. Personne ne voudra parler le premier, personne ne prendra ce risque. Qui racontera la drogue qu’on transportait dans les cercueils ? Les pelisses… À la place des morts… Qui vous montrera les chapelets d’oreilles humaines séchées ? Des trophées de guerre… On les gardait dans des boîtes d’allumettes vides… Elles s’enroulaient comme de petites feuilles… Impossible ? Ça choque d’apprendre ça au sujet de braves gars soviétiques ? Si, c’est possible, puisque c’est vrai. C’est une vérité qu’on ne peut pas contourner, qu’on ne peut pas déguiser en la recouvrant de dorure de trois sous. Vous vous imaginez, peut-être, qu’il suffit de poser des monuments pour que le tour soit joué ? Je suis sûr que vous ne voudrez pas que ça figure dans votre livre, vous allez rayer tout ça. Personne ne dira plus la vérité sur ceux qui reposent en terre. Les vivants ont droit aux décorations, les morts aux légendes, et tout le monde est content.
Cette guerre, c’est comme notre vie en URSS : elle n'a rien à voir avec ce qui est écrit dans les livres. Heureusement que j’ai mon univers à moi, celui des livres et de la musique, qui m'a sauvé parce qu'il a caché l'autre.
Le Tambour (1959)
Die Blechtrommel
Sortie : 1961 (France). Roman
livre de Günter Grass
Venantius a mis 9/10 et a écrit une critique.
Annotation :
On peut commencer une histoire par le milieu puis, d'une démarche hardie, embrouiller le début et la fin. On peut adopter le genre moderne, effacer les époques et les distances et proclamer ensuite, ou laisser proclamer qu'on a résolu enfin le problème espace-temps. On peut aussi déclarer d’emblée que de nos jours il est impossible d’écrire un roman puis, à son propre insu si j’ose dire, en pondre un bien épais afin de se donner l’air d’être le dernier des romanciers possibles. Je me suis également laissé dire qu’il est bon et décent de postuler d’abord : il n’y a plus de héros de roman parce qu’il n’y a plus d’individualistes, parce que l’individualité se perd, parce que l’homme est seul, que tout homme est pareillement seul, privé de la solitude individuelle et forme une masse solitaire anonyme.
Alexis Zorba (1946)
Sortie : 1947 (France). Roman
livre de Níkos Kazantzákis
Venantius a mis 7/10.
Annotation :
— Tu ne veux pas d’embêtements ? fit Zorba stupéfait, et qu’est-ce que tu veux alors ?
Je ne répondis pas.
— La vie, c’est un embêtement, poursuivit Zorba ; la mort, non. Vivre, sais-tu ce que ça veut dire ? Défaire sa ceinture et chercher la bagarre.
Île de Pâques : le grand tabou
Sortie : septembre 2011 (France). Histoire
livre de Nicolas Cauwe
Venantius a mis 8/10.
Silbermann (1922)
Sortie : 1922 (France). Roman
livre de Jacques de Lacretelle
Venantius a mis 5/10.
Annotation :
En raison de mon caractère volontiers secret ou d’une éducation un peu puritaine, j’avais toujours considéré la libre expansion de la joie comme une manifestation choquante et niaise. Et cependant, il y avait tant d’ingénuité et de gentillesse dans les mouvements et les mines de ces garçons, ils me parurent avec une telle évidence plus heureux que je ne l’étais, que l’envie me vint de me mêler à eux et de recevoir le même baptême délicieux…
La Storia (1974)
Sortie : février 1989 (France). Roman
livre de Elsa Morante
Venantius a mis 6/10.
Annotation :
De cette corbeille sortait une plante verte qui, en un instant, se ramifiait dans la pièce et à l’extérieur du logement sur tous les murs de la cour. Et elle montait, devenant une forêt de plantations fabuleuses, feuillages, bougainvilliers, campanules gigantesques aux coloris orientaux et tropicaux, raisins et oranges aussi grands que des melons. Au milieu de tout ça jouaient des petits animaux sauvages, semblables à des écureuils, qui avaient tous des petits yeux bleus, et qui se penchaient pour épier gaiement et, de temps en temps, bondissaient en l’air comme s’ils avaient des ailes. Cependant, une foule de gens s’étaient mis à regarder par toutes les fenêtres, alors qu’elle-même, en revanche, était absente, se trouvant Dieu sait où ; mais on savait que c’était elle l’accusée.
Le Cousin Bazilio (1878)
O primo Basílio
Sortie : 20 novembre 2001 (France). Roman
livre de Eça de Queirós
Venantius a mis 5/10.
Annotation :
Où était le défaut ? Dans l’amour même peut-être ! Car, finalement, elle et Bazilio étaient dans des conditions optimales pour vivre une félicité exceptionnelle : ils étaient jeunes, entourés de mystère, stimulés par les obstacles… Pourquoi bâillaient-ils donc d’ennui ? Parce que l’amour est, par essence, périssable, et à l’heure où il naît il commence à mourir. Seuls les débuts sont divins. C’est le délire, l’enthousiasme, le coin de Ciel. Mais après !… Il faudrait donc toujours commencer, pour pouvoir toujours sentir ?
L'Attrape-Cœurs (1951)
(traduction Annie Saumont)
The Catcher in the Rye
Sortie : 1986 (France). Roman
livre de J. D. Salinger
Venantius a mis 6/10.
Annotation :
‘[…] This fall I think you are riding for — it’s a special kind of fall, a horrible kind. The man falling isn’t permitted to feel or hear himself hit bottom. He just keeps falling and falling. The whole arrangement’s designed for men who, at some time or other in their lives, were looking for something their own environment couldn’t supply them with. Or they thought their own environment couldn’t supply them with. So they gave up looking. They gave it up before they ever really stated. You follow me?’
Extinction (1986)
Un effondrement
Auslöschung - Ein Zerfall
Sortie : 1986 (Autriche). Roman
livre de Thomas Bernhard
Venantius a mis 9/10 et a écrit une critique.
Annotation :
Qu’est-ce qui donne toujours l’idée aux gens qui se font photographier de vouloir paraître heureux sur les photographies qui les représentent, en tout cas pas aussi malheureux qu’ils le sont ? me dis-je. Chacun veut être représenté comme quelqu’un d’heureux, jamais comme quelqu’un de malheureux, toujours comme quelqu’un de totalement falsifié, jamais comme celui qu’il est en réalité, c’est-à-dire toujours le plus malheureux de tous. Ils veulent tous constamment être représentés beaux et heureux, alors qu’ils sont tout de même tous laids et malheureux. Ils se réfugient dans la photographie, se racornissent volontairement sur la photographie qui, dans une falsification totale, les montre heureux et beaux, ou, tout au moins, moins laids et moins malheureux qu’ils ne le sont. Ils exigent de la photographie leur image rêvée, idéale, et tous les moyens leur sont bons, serait-ce la plus effroyable grimace, pour réaliser sur une photo cette image rêvée et cette image idéale. Ils ne voient même pas de quelle manière terrible, épouvantable, ils se compromettent chaque fois. Celui qui est beau sur la photographie est chaque fois le plus laid, le plus heureux chaque fois le plus malheureux.
La Plage de Scheveningen (1952)
Sortie : 1952 (France). Roman
livre de Paul Gadenne
Venantius a mis 7/10.
Annotation :
— Vous pensez trop à vous, Guillaume… Il y a des choses auxquelles il faut savoir renoncer… qu’il faut laisser recouvrir par l’oubli.
— Je crois au contraire qu’il n’y a en nous rien à oublier, dit-il. Il faut comprendre. Il faut pouvoir supporter la clarté entière…
The Origins of Sex: A History of the First Sexual Revolution (2012)
Sortie : 1 mai 2012. Histoire
livre
Venantius a mis 7/10.
One Vast Winter Count: The Native American West before Lewis and Clark (2006)
Sortie : 1 septembre 2006. Histoire
livre de Colin G. Calloway
Venantius a mis 7/10.
Annotation :
Charting the creation and subsequent decline of both Cheyenne and settler society in nineteenth-century Colorado, Elliott West says simply: “Everything passes,... no one escapes.” It’s a simple reminder of the human condition and a simple lesson from history. But it’s a lesson lost in American history if we look on Jamestown, Santa Fe, the American Revolution, and the Lewis and Clark expedition as opening chapters in a story of nation building and progress, a story that, because it is our story, we assume will be different from everybody else’s. It won’t.
Paludes (1895)
Sortie : 1895 (France). Récit
livre de André Gide
Venantius a mis 8/10.
Annotation :
— Attentes mornes du poisson ; insuffisance des amorces, multiplication des lignes (symbole) — par nécessité il ne peut rien prendre.
— Pourquoi ça ?
— Pour la vérité du symbole.
— Mais enfin s’il prenait quelque chose ?
— Alors ce serait un autre symbole et une autre vérité.
— Il n’y a plus de vérité du tout puisque vous arrangez les faits comme ils vous plaisent.
Berlin Alexanderplatz (1929)
(traduction Olivier Le Lay)
Sortie : 2009 (France). Roman
livre de Alfred Döblin
Venantius a mis 6/10.
Annotation :
Ce sont des hommes, des femmes, des enfants ; ces derniers, pour la plupart accompagnés de mains de femmes. Il serait difficile de les énumérer tous et de raconter leur destin, ce ne serait loisible que pour quelques-uns. Le vent les saupoudre indifféremment de sciure. L’aspect des pèlerins vers l’est ne se distingue en rien de celui des pèlerins vers l'ouest, vers le sud et vers le nord. Du reste, les rôles sont interchangeables, on le verra une heure plus tard. Il y en a même qui bifurquent, qui vont du sud à l’est, du nord à l’est, du nord à l’ouest, du sud à l’ouest. Ils sont aussi réguliers que ceux qui meublent l’intérieur des tramways et autobus. Ceux-ci sont assis en poses diverses et augmentent ainsi le poids inscrit au-dehors des voitures. Ce qui se passe dans leur âme, qui l’éluciderait ? Un chapitre énorme. Et puis, si on le faisait, à qui cela profiterait-il ? De nouveaux livres ? Les anciens déjà ne marchent pas et en 27 la vente des livres a baissé de tant pour cent sur la vente de 26.
Le Jeu des perles de verre (1943)
Das Glasperlenspiel
Sortie : 1943 (France). Roman
livre de Hermann Hesse
Venantius a mis 8/10 et a écrit une critique.
Annotation :
Nous avons la chance de vivre à l’abri, dans un petit univers propre et serein, et la grande majorité d’entre nous, si singulier que cela puisse paraître, vit dans la fiction que cet univers a toujours existé et qu’on nous y a mis au monde. Moi-même, j’ai passé mes jeunes années dans cette illusion fort agréable, alors que la réalité m’était cependant parfaitement connue, […] que Castalie, l’Ordre, le Directoire, les établissements d’enseignement, les archives et le Jeu des Perles de Verre n’avaient pas été là de tout temps et n’étaient pas l’œuvre de la nature, mais une création tardive et noble de la volonté humaine, périssable comme toute chose créée.
Ailleurs (1948)
Sortie : 1948 (France). Poésie
livre de Henri Michaux
Venantius a mis 8/10.
Annotation :
Lents de nature et par calcul, d’une lenteur cérémonieuse et à la vaseline, au pas sûr, médité, retenu, conscient, se retournant malaisément comme s’ils étaient la proue d’un navire qu’ils traîneraient derrière eux, milieu et poupe ; s’il faut absolument se retourner, pivotant prudemment, ou plus volontiers parcourant un spacieux arc de cercle ; aux idées longues à mûrir, et la nuit de préférence (leur faire prendre soudain une décision, c’est les obliger à trancher dans la chair vive. Ils ne vous le pardonneront jamais) ; petits mangeurs, mais grands mâcheurs, interminables à des repas de rien, végétariens, sauf à prendre avec leur manioc, leurs patates et leur pâte de banane, une langue ou une cuillerée de cervelle.