Les meilleures BD de 2013 selon Marius Jouanny

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Note inchangée : 8. Ce cinquième tome parachève les intentions de Bonhomme d'aborder frontalement le génocide amérindien, et de traiter les enjeux de son récit avec plus de maturité et de radicalisme dans le propos. Cela lui permet de prendre des tournants inattendus et d'opposer avec plus de franchise les personnages entre eux, notamment lorsque le personnage féminin s'affirme face à son bourreau.

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Clairement le meilleur des trois premiers albums. L'arrivée de cet antagoniste en couverture permet de bouleverser les enjeux et de rendre plus consistante la critique du capitalisme et du pouvoir de la finance. Ce qui fait furieusement attendre une suite qui arrive au mois de novembre.

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Voilà un bon comics anti-système et peu flatteur sur la société américaine dans la lignée de Transmetropolitan (sans toutefois l'égaler). L'idée est simple : le transhumanisme et le divertissement télévisuel font un pacte pour cloner l'ADN de Jésus qui devient la star d'une télé-réalité. Seulement, le gus leur échappe des mains et fonde un groupe de punk-rock, dans un futur où le fondamentalisme religieux a imposé sa loi sur le globe. Quelle belle figure iconoclaste, et servie par un récit qui ne manque pas de rebondissements et d'ambition démonstrative. Une très bonne surprise.

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Tirabosco et Perrissin narre le voyage de Joseph Conrad au Congo belge au début des années 1890, alors qu'il n'était pas encore romancier. Voulant concrétiser ses rêves d'exploration en terres inconnues, il va vite déchanter en étant au service d'un Etat occidental qui (oh surprise !) exploite les ressources locales (en l'occurrence l'ivoire) et établie un esclavagisme ouvertement raciste des populations locales. Ce qui est remarquable, c'est à quel point le style du dessinateur Tirabosco est parfaitement adapté au récit : par son semi-réalisme onirique, il insuffle tout ce qu'il faut d'aura mystique à l'oeuvre, sans s'écarter des faits. Cela reste tout de même une adaptation assez sage de l'autobiographie de Conrad, mais force est de constater qu'aussi bien en terme documentaire qu'en terme d'hommage à l'oeuvre même de Conrad (les liens avec Au Coeur des Ténèbres se ressentent naturellement) c'est une réussite.

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Ce biopic de la célèbre histoire d'une sourde-muette miraculeusement éduquée par une orpheline jeune adulte sort largement des carcans du genre avec grande pertinence. On reconnaît là un style très américain de découpage et décors dépouillés, qui veut transmettre la pudeur des personnages par une pudeur formelle assez touchante. Certes, la fin est abrupte et on ne comprend pas trop pourquoi elle arrête son récit à ce moment-là de la vie des deux femmes plutôt qu'à un autre. Il reste que voici une très bonne lecture complémentaire au très bon film d'Arthur Penn "Miracle en Alabama". Car si cette vie dont les tenants et les aboutissants peuvent paraître galvaudés tellement ils ont été souvent mis en récit, Joseph Lambert y apporte un nouvel éclairage en abordant frontalement les traumatismes de l'éducatrice. Il donne ainsi une profondeur supplémentaire à la relation avec son élève.

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En catapultant son univers dans l'époque contemporaine, Roosevelt réussit un coup de théâtre un peu hallucinant qui relance la machine de la saga avec un certain brio. Certes, tout cela est encore trop chargé en texte et ampoulé sur le plan narratif, mais il faut saluer l'originalité de la démarche, son ambition et les expérimentations graphiques remarquables qui les accompagne.

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Cette compilation de récits courts sur des femmes en galère révèle déjà tout le talent de Nina Bunjevac pour l'introspection intime et la mise en récit de la souffrance humaine en prenant la juste distance, parfois sur le ton de la dérision, parfois sur le ton du drame, mais toujours sur celui de l'empathie.