Les meilleurs films de 2023 selon Frakkazak

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No Country for Red Men

Quel bonheur de retrouver un Scorsese prodigieux dans les salles, proposant un Di Caprio à contre emploi, un De Niro dans son meilleur rôle depuis une ou deux décennies, une Lily Gladstone que l'on a plaisir à découvrir, une histoire cinglante ancrée dans l'actualité, une retenue de la caméra au profit du scénario tout en gardant de grandes scènes cinématographiques justement parsemées. Bref, merci Marty de militer pour le cinéma par la parole et par le geste.

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Voyoux Cybernétiques

Je me répète, mais quelle belle année 2023 pour le cinéma de genre en France! Après la fantastique série Last Man et la conceptuelle Crisis Jung, Jérémie Périn se lance dans son premier long avec ce fantastique Mars Express, qui expose son univers par des détails visuels qui comptent sur la connaissance du spectateur des tropes classiques du genre cyberpunk pour se concentrer sur ce qu'il a de nouveau à raconter. Le film peut ainsi être ramassé, et offrir un condensé d'action spectaculaire, de dialogues exquis et de de designs jouissifs (bravo à Mikael Robert, officiant déjà sur le merveilleux Le Sommet des Dieux). Le film réussi à se créer une identité originale, loin des paysages nocturnes éclairés aux néons auxquels le genre nous a habitué, un univers crédible, et une réflexion intelligente. Une grande réussite !

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Ligne de miroir

Fincher brosse via son Killer un autoportrait de son maniérisme obsessionnel. A la recherche du perfect shot, millimétré au poil, un doute balaye l'affaire et vient bouleverser le formalisme auquel la carrière du réal nous a habitué. Des shaky cam, de grandes courses caméras à l'épaule, et une baston brutale où la nervosité l'emporte sur la planification. Le tueur est Fincher, forcé d'altérer ses habitudes pour mieux s'adapter à son environnement dans lequel les repères sont de plus en plus compliqués à établir. Et si le méthodisme méticuleux de l'auteur et du personnage entremêlés reste une ligne directrice, il est moins rigide, ouvrant de nouvelles voies pour le cinéaste. Prenant, malgré un scénario balisé.

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Tatane

Vincent c'est un type un peu con mais pas bien méchant, qui sans comprendre le pourquoi du comment se prend des coups de clavier dans la gueule par le stagiaire, se fait jeter dans une fosse sceptique par le facteur, ou se fait planter au stylo par le compta de sa boîte, le tout sans autre provocation qu'un regard. Quelque chose cloche, pour le plus grand plaisir du spectateur.
Pour son premier long, Stéphan Castang livre un film craspec, qui va jusqu'au bout de ses concepts, et allie avec maestria les genres, allant de la comédie noire à la comédie romantique, en passant par le film de zombies ou le portrait d'une société ultra-violente. Il est sans retenue, ce qui fait la force du métrage, toujours surprenant dans ses entournures, et porté par un Karim Leklou, dont le talent n'est plus à démontrer, en monsieur tout le monde victimaire.
Une autre pépite dans le cinéma de genre à la française qui décolle bien depuis quelques années, pour le plus grand plaisir des amateurs, et un autre réalisateur dont on a envie de suivre la carrière tant il maîtrise ses outils.
Un coup de poing dans les gencives, un taser dans les couilles, et du vomi sur la caméra plus tard, on ressort d'une séance on ne peut plus réjouissante. Il fallait bien que Vincent meurt pour qu'on ait ça.

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Life on our Planet

Quelle excellente année fut 2023 pour le cinéma de genre en France (je me répète). Le Règne Animal n'a pas à rougir devant les productions fantastiques hollywoodienne, bien au contraire, il en surpasse la grande majorité que ce soit dans l'écriture, l'esthétique, la bande-son, le jeu d'acteurs et l'esthétique. Tout tient en un bel équilibre naturaliste, porté par une bienveillance que seul le personnage du lycéen antagoniste vient entâché car inutile au récit. Les deux heures filent, les émotions sont présentes, et la peur de voir le générique arriver guette le spectateur. A l'opposé tonal du punk Vincent doit mourrir, mais tout aussi réussi dans son genre.

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Il est tombé par terre, c'est la faute à Hüler

De part une mort aux circonstances trop floues s'engage un procès, celui d'une femme que l'on acculera jusqu'à étaler toute l'intimité de son couple avec la hargne d'un roquet. Et si l'on ne saura jamais si son mari est victime d'un accident, d'un meurtre ou d'un suicide, c'est parce que là n'est pas le sujet abordé par Justine Triet. On construira le portrait de Sandra pour mieux le démolir par l'entremise de la hargne judiciaire à laquelle elle fait face, en faisant tour une manipulatrice meurtrière, une mère indigne et une femme aux mœurs douteuses, alors même que les pièces présentées lors du procès tendrait à ranger le spectateur de son côté. Et lorsque le verdict tombe enfin, on n'en tirera rien, pas plus que le personnage brillamment campé par Sandra Hüler. Chapeau madame la juge.

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Promising Young Man

Remarquée grâce à Promising Young Woman, Emerald Fennel livre son deuxième long-métrage Saltburn et convainc qu'elle est une jeune réalisatrice qu'il va falloir suivre de près. Lorsque l'on rentre dans le film à l'aveugle, on ne sait où placer nos suspicions, car tous les protagonistes semblent cacher leur jeu, et au fur et à mesure que ce déroule ce récit dépeignant l'ennui des trop riches, la tension monte jusqu'à un point de bascule à mi-chemin qui fait lâcher une moue de dégoût. Puis tout s'enchaîne, et alors que les dominos tombent, on se rend également compte de l'incroyable talent de Barry Keoghan aperçu jusqu'alors dans des petits rôles ne lui faisant pas honneur. Le thriller est prenant, beau et gerbeant à la fois, et on ne pourra lui reprocher que sa fin trop explicite, car le doute ne planant plus, il était inutile de nous prendre par la main pour revisiter toutes les scènes clés.

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Non-dit à personne

Porté par ses dialogues et ses silences, ainsi que par ses acteurs tous justes, Je verrai toujours vos visages aborde le sujet de la justice restaurative en laissant le temps à ses personnages de s'exprimer dans leurs traumas, leurs vécus et leurs motivations. Du dialogue et de l'entente découle une humanité profonde et touchante, qui permet à chacun de se faire comprendre, et de comprendre l'autre. On pourrait taxer le film de porte-parole (ce qui en soit n'est pas une tare), mais ce serait réducteur tant le jeu déployé par le cast et la position que la caméra laisse à l'échange forme un objet filmique cohérent et puissant.

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Le temps ne fait rien à l'affaire...

Les Rascals est incroyablement généreux, surtout pour un premier film. Il développe une énergie folle dans son histoire de guerre des gangs sous montée du néonazisme, évoquant par là West Side Story, et par ci The Warriors, et résonne avec un climat social inchangé quarante ans plus tard. Et si cette énergie porte le métrage, elle s'accompagne d'une montée en tension sur toute la durée, jusqu'à un final attendu mais tout aussi déchirant. Intelligent, vivant et toujours aussi nécessaire, Les Rascals place Jimmy Laporal-Trésor dans la shortlist des nouveaux cinéastes à suivre.

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1h48 Chrono

C'est malheureusement le dernier film de Friedkin, et l'un des derniers de Lance Reddick. Mais quel film. L'âge avancé du réal, 87 ans lors du tournage, n'est sans doute pas étranger à la sobriété de la mise en scène de ce courtroom drama en huis clos, adapté d'une pièce de théâtre. Mais si la caméra se fait discrète, c'est pour mieux laisser s'exprimer le texte, porté par des acteurs au sommet de leur forme. Je ne pense pas avoir déjà été ému par Kiefer Sutherland, ici monté au cours de l'affaire comme un homme cruel et instable, qui se révèle au final d'une fragilité bouleversante. La hargne de l'avocate chargée de l'incrimination trouvera sa réponse dans une défense tout en détournement, jouant sur le langage et manipulant témoins et juges dans sa verve. Un texte en or donc, faisant d'un récit de bidasses une histoire d'humanité, d'ambition et d'irrespect. Et si le petit laïus conclusif n'est pas forcément en adéquations avec mes valeurs, il n'en reste pas moins troublant et cohérent.
Merci William, tu pars en beauté.

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Le concept est simple, retranscrire fidèlement l'enregistrement audio de l'interrogatoire d'une lanceuse d'alerte par le FBI. Pas besoin de romancer, tout est là, dans les dialogues, dans les pauses et les non-dits, et dans la tonalité des intervenants. On passe donc d'une surprise partagée avec la fantastique Sydney Sweeney (que l'on commence à voir partout, pour notre plus grand plaisir), à des interventions des agents qui laissent circonspect, à une compréhension de la situation qui laisse pantois. Le FBI est méthodique, dirigeant la conversation exactement là où elle est sensée aller, d'une façon assez glaçante. Et quand à la fin, on nous livre un morceau choisi d'intervention télévisées sur l'affaire, on se dit que la manipulation des masses a encore de beaux jours devant elle. Efficace et glaçant.

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Le chant du héron

Je suis allé voir le film avec l'ami Nixotane, sans aucune autre information que l'affiche et le titre (mensonger de par l'adaptation française). Et alors que je pensais voir une relation de mentor avec un héron qui aiderait le jeune Mahito à faire le deuil de sa mère, le faisant passer vers l'âge adulte avec une philosophie toute naturaliste propre à Miyazaki.
Puis de fil en aiguille, je me suis rendu compte que ce n'était pas ça. Mais je serai bien en peine de vous expliquer de ce dont il s'agit, n'ayant clairement pas tout compris aux symboliques exploitées et aux messages que le maître tente de nous faire passer. Par contre, je suis passé de surprise en surprise, ne sachant jamais vers quoi l'on se dirigeait, tandis que des images oniriques et cauchemardesques défilaient devant mes yeux, que le crayonné si caractéristique du réalisateur se transformait en des choses nouvelles (l'incendie, les bandelettes...), et que les créatures dérangeantes se succédaient. A commencer par ce héron infernal.
Ma circonspection ne m'a pas empêché de passer une séance captivante, tant les émotions inconscientes ont pu surgir sans que je n'en comprenne la source. Pour ce qui est sa troisième ultime oeuvre, papy Hayao nous livre un pot-pourri de l'imaginaire qu'il nous a montré ces dernières décennies, pour notre plus grande incompréhension, et pour notre évasion la plus totale.

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Comme à l'accoutumée, Dupieux nous livre un film au concept simple et fort, qui se tient en une bonne heure. Ici on délaisse l'absurde (par rapport au reste de la filmo du monsieur, entendons nous) pour parler du rapport à l'art et au divertissement. Le tout avec un casting délectable, Quenard en tête, et des dialogues fendards. Une autre boutade réussie de Mr. Oizo, qui ne nous prend pas otage bien longtemps.

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On connaissait Gondry pour ses émotions à fleur de peau, et on le connaissait pour son amour du bidouillage. C'est logiquement que Le Livre des Solutions vient hybrider ces deux caractéristiques du cinéaste, en y apposant, comme dans Be Kind, Rewind, une dimension méta. A la fois drôle et touchant, grâce à un Pierre Niney en roue libre donnant l'étendue de sa palette, tantôt adorable, tantôt insupportable, mais toujours honnête. Mais aussi par l'intermédiaire d'une galerie de personnages secondaires qui viennent épauler Marc sur cette postprod non-sensique, d'une Blanche Gardin apaisante à une Françoise Lebrun encourageante. Un retour en forme pour pour l'un des meilleurs bricoleurs français du médium.

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Arac the Block

Je me répète, mais quel plaisir de voir le cinéma de genre français se porter aussi bien! Vermines attaque le film d'araignées avec un premier degré et une efficacité réjouissants. Des personnages crédibles et caractérisés, des situations et monstres dans un crecendo évolutif toujours novateur, et un humour sans cynisme qui fait mouche. On regrettera tout juste un dernier tiers qui perd en rythme, mais c'est anecdotique au vu de l'enthousiasme global provoqué par l''existence et la réussite d'un tel projet.

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Huis clos d'autoroute

Un polar simple et efficace. Dès l'introduction, on nous présente la ville, théâtre de cette nuit où rien ne va, avant d'embrayer in media res. Pas vraiment de surprise quant au déroulement du récit, mais la force du film réside dans l'empathie que l'on a envers le personnage de Favino, un homme présenté (et crédibilisé) comme plutôt droit dans ses bottes malgré quelques flirts avec la zone grise. Tout s'enchaîne très vite dans une chronologie resserrée, cette fatidique nuit milanaise. Simple et maîtrisé.

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Le réalisateur argentin de la sympathique comédie à sketch Les Nouveaux Sauvages passe à Hollywood avec un thriller efficace. Si son scénario est assez convenu, To Catch a Killer est avant tout réussi dans la tension qu'il installe, dès sa scène d'introduction cauchemardesque. C'est aussi l'occasion de retrouver la sympathique Shailene Woodley, dont le début de carrière a été un pétard mouillé du fait de l'échec de la série Divergente, mais qui a clairement du potentiel quand placée sur des rôles plus développés.
Un thriller noir, dépressif, mais dont la patte "à l'ancienne" fait plaisir tant le genre semble en berne aujourd'hui.

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Japan is King

Qu'il est bien que la Toho continue à produire ses propres Gozilla en parallèle du massacre systématique orchestré par Legendary, car après un fantastique Shin Godzilla, ce Minus One s'avère être l'opus qui marche le mieux en terme d'humanité, mais aussi en termes de scènes qui déboîtent. On se place dans l'après-guerre immédiat, et on suit le trajet d'un jeune homme qui a bafoué son honneur en refusant de se faire kamikaze. On est certes sur des archétypes de personnages, mais ils sont pleinement fonctionnels (et parfois touchants) pour mettre en valeur le monstre vedette dans des scènes originales et spectaculaires. Un sommet du kaiju eiga.