Films vus en 2015

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Une perte de contrôle progressive de son existence à laquelle l’héroïne Victoria semble de moins en moins attachée dans une peinture douce et délicate d’un certain état des relations sociales actuelles, entre une jeune Noire, défavorisée et ballottée par les événements, et un milieu bourgeois, cultivé et ouvert, humaniste et engagé (ce qui n’empêche pas la monstruosité). Elliptique et constamment dans la retenue des sentiments, le film distille au final une atmosphère de tristesse et de ratage.

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Plus qu'un biopic, une évocation du dernier jour de la vie du réalisateur italien, entre onirisme et réalité, art et politique. Formellement abouti, le film reste pas endroits abscons et insaisissable.

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Terrifiante et réaliste, une plongée au cœur d’un cabinet de placement pour des jeunes en grande difficulté. Où se dessine un gouffre immense entre le monde du travail (ses codes et ses références) et celui de jeunes à l’avenir incertain et bouché.

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Une comédie poussive et peu inspirée dont les clins d’œil à l’univers de celui à qui elle prétend rendre hommage ne suffisent pas à dissimuler la paresse et la lourdeur gênante de certaines séquences. Ces deux pieds nickelés nous arrachent à peine un sourire, mais plus sûrement des bâillements d’ennui.

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Vie tumultueuse peut-être, mais film décousu et presque transparent, qui n'imprime guère la rétine dans ce mélange de lieux et de temporalités. Ajoutons qu'on ne parvient pas à trouver sympathique ni attachant ce cinéaste cabotin et égocentrique.

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Juste agréable dans sa mise en scène soignée, un peu toc abusant à l’excès des mêmes éclairages clairs-obscurs, des mêmes vues de New York depuis une périphérie d’entrepôts désaffectés, mais s’avérant in fine fade et presque inconsistant, faute d’une noirceur véritable, de personnages plus approfondis et d’un scénario plus machiavélique. Le réalisateur de Margin Call continue à être un laborieux faiseur, rien de plus.

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La présence des deux acteurs parmi les plus magnétiques de l’époque – mais la fusion ne se produit pas réellement - ne suffit pas à faire du film une franche réussite. Une mise en scène apprêtée et léchée qui le transforme en un western spectaculaire et un peu plat, comme de plus en plus éloigné des enjeux politiques de l’Algérie du milieu des années 50. Un manque de souffle épique qui finit par nuire à l’ensemble.

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Premier coup de cœur de cette nouvelle année, un premier film énergique, haletant et tonique entre thriller et documentaire. Incarné par un jeune acteur qui irradie l’écran de bout en bout, Many, à l’image du bébé tigre sûr de son instinct, apprend à sortir les griffes et à se défendre, agissant avec détermination et intelligence. Dans sa dramaturgie et sa mise en scène, le film fait beaucoup penser à La Promesse des frères Dardenne.

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Là où on aimerait de la transgression, du scandale ou de la provocation, on ne ressent qu’ennui et consternation. Mal servi par des jeunes acteurs globalement mauvais, le dernier film, parisien, de l’américain Larry Clark fait office de testament amer et lucide, ne semblant plus guère croire au pouvoir de la jeunesse, terne et désenchantée, à l’image de ses ainés. Dépressif et conceptuel.

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Patchwork inégal et plagiaire, un film jamais drôle ni réellement féroce, préférant avec malignité et démagogie brosser le spectateur dans le sens du poil en faisant appel à ses plus vils instincts. En appuyant avec lourdeur là où ça fait mal – et les endroits sont multiples – le film se vautre dans la vulgarité et la complaisance, ne retenant donc que le pire du pays d’origine où vit le jour le film à qui il adresse un clin d’œil voyant et concupiscent.

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Un premier film dans la lignée des feel-good movies qui fait d’un projet utopique d’économie solidaire et alternative une toile de fond humaniste, optimiste et généreuse, nous rendant, du coup, indulgents face aux faiblesses de la mise en scène et du scénario, même si les séquences de groupes et de mouvements révèlent une capacité indéniable à la direction d’acteurs.

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Comme si l’éclatement temporel et le tarabiscotage du récit servaient à mieux dissimuler la faiblesse, sinon l’indigence, d’un scénario dont on ne cesse de dénombrer les approximations, les incohérences et les erreurs. Un sentiment que l’on ressent face aux personnages mal construits, presque grotesques, hormis la figure du père de la fillette enlevée. Le retour du cinéaste canadien est tout simplement manqué.

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Monstrueusement dévitalisé, un film gonflé de sa propre suffisance sur une histoire de vampirisation aussi grotesque qu’au final inintéressante, notamment parce que le réalisateur se croit très malin à jouer de l’ellipse et de la distanciation. Entre le gorille apathique et le cabot insupportable, entre le hibou barré, l’aigle doré et les chevaux libérés sur Arvo Pärt, il est bien difficile de pénétrer dans ce bestiaire frisant le ridicule à la psychologisation de bas étage.

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Pour ceux qui s’imagineraient encore que l’immigration à travers le Sahara serait une partie de plaisir, le premier film de fiction du documentariste Boris Lojkine est un film nécessaire. Fort et déchirant, juste et frontal, Hope nous place au cœur du périple de deux migrants dans une histoire singulière et tendue. Une belle réussite.

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Après le succès mérité de Barbara, l’allemand Christian Petzold livre un nouveau film employant les mêmes ingrédients : histoire forte liée au passé historique de son pays, qualité de la mise en scène et du duo d’interprètes Nina Hoss et Ronald Zehrfeld. C’est sans doute le manque de vraisemblance qui nuit davantage à ce drame intimiste, sobre et poignant.

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Il y a quelque chose d’incontestablement fassbindérien dans ce film singulier et attachant qui questionne l’identité sexuelle dans une France de la fin des années 50, encore terriblement corsetée et marquée par les événements d’Algérie. Le réalisateur Mario Fanfani signe un premier film déroutant et abouti, au charme pas complètement vénéneux, mais pas inoffensif non plus. Les séquences de cabaret et de campagne dans la résidence secondaire où se réunit ce curieux gynécée reconstitué constituent le meilleur du film.

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Une explication et une déconstruction des mécanismes de l'évasion fiscale à l'échelle internationale à vocation pédagogique, qui multiplient les entretiens principalement avec des acteurs anglo-saxons. S'il fait froid dans le dos, le documentaire semble supposer que les solutions techniques existantes ne pourront être appliquées que par la volonté démocratique des peuples. Vu l'évolution des niveaux d'abstention, ce n'est pas demain la veille, à part dans quelques exemples (la Grèce aujourd'hui). Les 1% les plus riches et les plus puissants ont encore de beaux jours devant eux.

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Le rigorisme et la langue allemande font d’emblée penser au cinéma du compatriote de la réalisatrice, Michael Haneke, mais une certaine légèreté, en dépit de la noirceur du sujet, associée à une dimension très littéraire fait également évoquer les films de Rohmer. Il n’empêche : Jessica Hausner sait construire ses cadres et mener avec ironie et délicatesse une histoire d’amour où la folie se loge davantage dans l’irrationalité que dans le sentiment. Un objet surprenant et tout à fait réussi.

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Classique jusqu’aux clichés et à la naissance d’émotions faciles, Imitation Game, très bien interprété, n’en reste pas moins un film captivant. Parce qu’il mêle la grande histoire au destin d’un homme génial, hors normes, dont le pays à qui il a permis de sortir de l’ornière du conflit mondial n’autorisera pas, comme à des milliers d’autres, qu’il vive librement son homosexualité. Parce qu’il mêle aussi le thriller au drame personnel.

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Un patchwork (ou salmigondis ?) narcissique et plutôt creux où le réalisateur Romain Goupil, à 60 ans, ne supporte pas très bien d'être devenu un 'vieux con'. Se donnant toutefois le beau rôle de Don Juan auprès des femmes (banquière, productrice, voisine), il fait le bilan, tente de mettre en chantier des idées de films et va jusqu'à organiser ses funérailles. L'ensemble ne va pas très loin, le cinéaste comédien, au timbre de voix à peu près identique à celui de Serge July, surjoue pas mal, ne peut s'empêcher de gueuler dans des séquences qui tombent à plat et tout cela sonne très bobo gauche artistique intellectuelle parisienne. Juste sympa, mais tout à fait anecdotique et donc dispensable (pour employer un adjectif à la terminaison en vogue).

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Comment un événement presque anodin peut révéler la vérité des personnalités et provoquer le déséquilibre d’une famille en apparence unie et parfaite. Si la lecture psychologique et analytique de l’ensemble ne brille pas toujours par sa finesse, en faisant preuve d’un manichéisme appuyé, on sait davantage gré à son auteur Ruben Östlund de faire de la station alpine un territoire étrange et anxiogène, propre au demeurant à susciter les dysfonctionnements. Snow Therapy tient en haleine et offre une résolution diablement maligne et métaphorique.

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En prenant les atours d’un conte élégiaque et philosophique, en optant pour une mise en scène organique et sensorielle qui en fait du coup un véritable objet de cinéma, le documentaire du réalisateur Ioanis Nuguet, au-delà d’éviter le pathos, touche par la grâce et la tendresse avec lesquelles il regarde ces deux enfants roms à l’enfance sacrifiée. Magnifique et poignant.

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Autant l’avouer : le deuxième film de l’italienne Alice Rohrwacher, primé par une Jane Campion probablement ravie d’y voir un écho aux thématiques qu’elle développe elle-même dans son œuvre, n’est pas la merveille annoncée. C’est sans doute dans une forme retenue, où l’irruption d’une esthétique de la téléréalité endosse le double rôle de l’étrangeté et de la vulgarité, également traitées avec facilité, et donc dans une incarnation déficiente que le film achoppe. Laissant comme beaucoup de regrets dans la mémoire du spectateur.

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Dans son désir d’exhaustivité, ce film-enquête, très documenté et pédagogique, oublie toutefois le cinéma, en ne mettant jamais à son service les codes du polar ou du thriller, enchainant des scènes répétitives au dispositif balisé et conventionnel. Autre singularité : les personnages de Van Ruymbeke et de Lahoud volent la vedette à Denis Robert (Gilles Lellouche assez médiocre en se la jouant baroudeur et franc-tireur).

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Un premier long-métrage absolument original et jouissif, faisant preuve d’une inventivité et d’un sens indéniable de la mise en scène, en dynamitant et revisitant les codes du film de super-héros. Maniant l’ellipse avec brio, tournant le dos à toute psychologie, le génial Thomas Salvador (devant et derrière la caméra) compose un héros lunaire et étrange, extraordinaire au propre comme au figuré. Son film l’est aussi.

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Il s’agit donc d’un véritable merdier à tous les sens du terme. Très complexe dans sa structure, le film, entre science-fiction et épopée médiévale, nous plonge dans la fange et nous noie sous tous les fluides organiques et corporels. Mais les longs plans-séquences où tout s’agglutine et se superpose sont d’une richesse époustouflante et d’une inventivité sans limite, excitant les sens et le cortex. Voyage sur une autre planète hallucinatoire et sidérant. Une expérience unique.

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Par son absence de profondeur et de réflexion, par le recours à un montage très problématique, Clint Eastwood se cantonne à livrer un aimable divertissement qui vaut pour ses quatre scènes d’action, enfin surtout la dernière. Pour le reste, ce n’est pas tant le manichéisme, somme toute logique, qui gêne que l’ennui tenace et croissant que suscite un film sans la moindre interrogation ni ambiguïté. Un tel naufrage qu’il en devient contreproductif : comme si le réalisateur devenait le pire avocat de sa nation.

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Comment le sport devient un instrument pour l’Union soviétique en pleine Guerre froide, en asservissant et broyant l’équipe de hockey, la Red Army, dans un documentaire passionnant et instructif, richement documenté, qui reste toujours à la hauteur de ce Club des Cinq exceptionnel, tout en démontant les rouages d’une géopolitique qui le dépasse largement. Dense et saisissant, un film qui nous captive à la vitesse du palet des hockeyeurs.

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Les décors peints, s’ils témoignent de l’absence au monde et de l’éloignement du monde réel, présentent aussi le désagrément de déréaliser l’ensemble, de le plonger dans l’artifice, encore renforcé par le jeu théâtral et peu convaincant des deux comédiens. Pas certain que la force du sujet, enfin perceptible dans la confession ultime de Nina, puisse passer par le curieux dispositif choisi par le réalisateur.

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Roi de la construction et des dispositifs (le film choral hier et le presque unique plan-séquence aujourd'hui), le réalisateur mexicain continue donc dans la lignée de ses petits films malins, bien fichus, aussi tape-à-l’œil qu'attrape-nigauds. En épuisant jusqu'à la corde son brillant, mais voyant et encombrant, dispositif, il lasse de la même manière, ne véhiculant au final que des poncifs éculés sur le sujet de l'acteur vieillissant en recherche de reconversion. Comme ces nouveaux vins à la mode, c’est agréable et facile, ça flatte à la dégustation le palais (ou les yeux), guère le cortex et c'est aussitôt oublié.